|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
La seule question qui ne pourrait pas faire l'objet de négociations entre
les partenaires sociaux, c'est celle relative au relèvement du salaire national
minimum garanti (SNMG) parce qu'elle a déjà été tranchée par le gouvernement
puisqu'il lui a consacré un budget précis dans la loi de finances pour 2010.
Le gouvernement, l'UGTA et les organisations patronales, publiques et privées, se réuniront les mercredi et jeudi prochain à la résidence d'El Mithak conformément, dit le communiqué du Premier ministre, «à l'accord intervenu entre les parties participantes». Présidée par le Premier ministre, cette 13e édition de la tripartite regroupera outre les ministres des secteurs concernés (travail, finances, MIPI...), l'UGTA, les organisations patronales à savoir l'UNEP, la CGEO, la CNPA, SEVE, la CIPA ainsi qu'une délégation des sociétés de participation de l'Etat. La présence de représentants des SGP risque de reléguer au second plan celle de l'UNEP dont le rôle a été nettement diminué depuis que le secteur public connaît de multiples bouleversements. D'ailleurs, faut-il le signaler, l'Union nationale des entrepreneurs publics n'a pas apposée sa signature sur le document portant pacte national économique et social signé en septembre 2006 lors de la 12e tripartite. Le gouvernement lui avait refusé de le faire parce qu'il avait estimé que le secteur public était représenté par le ministre du Travail. Drôle conception du dialogue social qu'est cette substitution du gouvernement aux associations qui devraient en principe assurer la mission de syndicat du monde du travail. Plus drôle, ce privilège accordé depuis toujours à l'UGTA qui trône à la table de la tripartite comme unique représentant des travailleurs alors que les syndicats autonomes ont réussi à mobiliser, sans elle, un secteur aussi névralgique que celui de l'éducation. Abdelmadjid Sidi Saïd s'en défend même s'il met en avant son respect du principe du pluralisme syndical. «Dès que le Premier ministre a signé son instruction en novembre 2009 interdisant la rétroactivité du régime indemnitaire dans le secteur de l'éducation, j'ai tout de suite saisi par écrit le Premier ministre et le directeur général de la fonction publique pour leur dire que le risque de perturbation dans le secteur est important, c'est dangereux! D'autant que cette rétroactivité a été accordée à partir de janvier 2008 par un décret signé par le président de la République. On n'est pas donc resté sans réaction», nous a déclaré hier le secrétaire général de l'UGTA. Manière de «rétablir des vérités» à un moment où la paralysie du secteur de l'éducation par un appel à la grève lancé par les syndicats autonomes devrait donner à réfléchir au ministre du Travail qui a toujours refusé de discuter agréments pour ces syndicats. Sidi Saïd est passé dans la discussion que nous avions eue avec lui hier à ce qu'il appelle «l'essentiel» en tenant à rappeler que le dernier relèvement du SNMG a été décidé lors de la 12e tripartite tenue le 30 septembre et 1er octobre 2006. «La mémoire de la tripartite, c'est qui ?» a-t-il interrogé pour répondre «c'est bien l'UGTA». Le SNMG avait été augmenté de 2.000 DA pour être à ce jour à 12.000 DA. «C'était déjà important pour moi», a-t-il affirmé comme pour convaincre que la tripartite de cette fin de semaine n'arrachera pas plus que ce niveau. «Un peu plus», dit quand même Sidi Saïd rassuré peut-être par un gouvernement qui a déjà avancé un budget d'un milliard DA dans la loi de finances pour probablement mettre un terme à toute éventuelle surenchère sur la question. Le «un peu plus» du SG de l'UGTA voudrait dire selon certains observateurs que l'augmentation pourrait aller jusqu'à 3.000 DA, ce qui donnera un SNMG à 15.000 DA. Sidi Saïd précise que la tripartite a six points à son ordre du jour: les questions économiques, une évaluation du pacte national économique et social, la retraite, les allocations familiales, les mutuelles et le SNMG. «Mon souhait c'est d'être toujours à la hauteur de cette préoccupation majeure et ma conviction de ramener des acquis aux travailleurs dans la sérénité parce que le pays a besoin de sérénité, rappelez-vous que par la victoire de l'équipe nationale, le pays a comme retrouvé sa solidarité et sa citoyenneté», estime-t-il. La « sérénité», dit-il, «c'est ça qui paie le plus et redonne de l'espoir au peuple». Sidi Saïd affirme «être confiant pour ce qui est des résultats de la prochaine tripartite parce qu'elle a été décidée le 24 février dernier par le président de la République, c'est lui qui a demandé le relèvement du SNMG ». Habib Yousfi, président de la Confédération générale des entrepreneurs et opérateurs algériens (CGEOA), nous a déclaré pour sa part qu'il se prépare «sérieusement» à cette tripartite parce qu'il estime «qu'elle ne ressemblera pas à toutes celles qui l'ont précédée». La raison est, selon lui, que « beaucoup de points seront examinés dans le cadre de l'évaluation du pacte social et si les précédentes ont oeuvré pour la stabilité du front social, celle-là doit être étendue à la PME-PMI». Il estime que « la situation économique du pays a beaucoup évolué et qu'il devient impératif de promouvoir les PME-PMI en leur élaborant une stratégie et en leur donnant les possibilités et les conditions de leur relance». Yousfi souligne à cet effet que « c'est une vision économique à revoir de fond en comble». Il veut aussi que la tripartite se penche sur les dispositions de la LFC pour 2009 et que le gouvernement mobilise toutes les potentialités de ce pays en vue d'examiner la bulle financière, la structure des importations et autres volets économiques à l'ombre des conséquences de la crise financière internationale. Bien qu'il affirme être pour une augmentation du SNMG, le président de la CGEOA avoue ne pas admettre qu'il soit fait une fixation sur le pouvoir d'achat. « Il faut absolument aider la PME à résoudre ses difficultés parce que c'est par elle, une fois performante, que seront résolus les problèmes des salaires et du chômage». Parce que, dit-il, «je refuse que les augmentations soient décidées en faisant appel à la rente. Il faut plutôt mobiliser des financements pour investir dans la PME, certes, mais il faut d'abord secourir celles qui sont dans des situations difficiles et assainir leur environnement global.» Le relèvement du SNMG est pour lui « acquis» parce que, rappelle-t-il, «c'est un engagement du président de la République lors de la campagne électorale». Mais, indique Yousfi, «c'est la proportion de ce relèvement qui pose problème. On sait qu'il n'y a pas de négociation puisque le gouvernement a décidé de lui consacrer un budget précis dans la loi de finances. Donc il en connaît bien les limites de cette augmentation.» En tout état de cause, «nous allons, dit Yousfi, demander la contrepartie, celle de définir les charges de l'entreprise». Il note au passage que «les allocations familiales sont encore posées». Marrakech, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), nous a dit que son organisation prépare les documents sur les questions posées au développement économique et social et dans lesquelles l'entreprise doit en être le pivot. Il estime que, pour cela, « il faudrait entrevoir une démarche commune avec les partenaires sociaux, décider ensemble et communément des actions à mener pour atteindre une économie forte et durable en accord avec les principes retenus, c'est-à-dire relancer la production et la productivité des entreprises en les aidant à sortir des difficultés qu'elles vivent depuis des décennies». Pour Marrakech, «il faut que la valeur ajoutée, les emplois, les richesses soient mis en évidence». Il est urgent selon le président de la CAP «d'élaborer une véritable stratégie de développement d'une manière organisée». Le relèvement du SNMG «nous sommes pour», dit le président de la CAP. «Ce n'est pas nouveau, nous sommes pour un pouvoir d'achat fort et pour ne pas y revenir à chaque rencontre, la CAP avait déjà proposé une nouvelle classification des postes de travail, l'inclusion d'un indice pour ce qui est de l'inflation, le tout pour consolider le monde de l'entreprise et assurer un plan de carrière aux salariés». Marrakech pense qu'il faut pour cela «des conventions collectives par branches». Hcène Benyounes, président de l'UNEP, quant à lui, nous a affirmé «attendre un affichage sérieux de ce qu'on veut faire du secteur public». Au-delà de l'assainissement financier décidé par le gouvernement et qui fait dire à l'UNEP qu'«assainir les comptes n'est pas suffisant», «il faudrait, selon Benyounes, en même temps que les entreprises publiques soient dans des conditions qui les rendent performantes». Il pense qu'il faudrait engager à cet effet «un débat général pour permettre au secteur public d'avoir une plus grande participation dans la création de la richesse puisqu'il a une base industrielle». Interrogé sur ce que pense l'UNEP de la revalorisation du SNMG, son président nous a répondu « la question est liée aux capacités du secteur public à la prendre en charge. Quand elle peut être assurée, il n'y a aucun problème mais on sait que nombreuses sont les entreprises publiques qui n'arrivent pas à payer leurs travailleurs. Elles ne vont pas quand même s'endetter pour assurer une augmentation qui, nous le reconnaissons, est tout à fait légitime.» Benyounes estime que «toute augmentation doit impliquer une amélioration des performances de l'entreprise». Ce qui est, selon lui, «une problématique assez compliquée et un problème délicat ». Le président de l'UNEP insiste pour mettre sur un pied d'égalité la nécessité de «l'augmentation des salaires et celles des performances des entreprises. C'est donc toute la chaîne qui doit être assainie.» Le souci de l'UNEP, dit son président, «c'est de protéger l'outil de production et lui assurer une continuité en lui donnant les possibilités de s'affirmer et de reprendre sa place». |
|