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Les couacs de la séance continue

par A. Zerzouri

L'application de la séance continue à travers les établissements scolaires des cycles moyen et secondaire est presque un fait accompli. Après quelques moments d'hésitations, la généralisation de ce système, voeu cher au wali de Constantine, n'a pas tardé à s'imposer aux directeurs et aux enseignants, et ce malgré certaines réticences manifestées par les uns et les autres, notamment au vu des difficultés de gestion entraînées par ce nouveau timing (de 8 heures à 15 heures).

 Plusieurs CEM ont procédé à l'application de la séance continue dès le début de la semaine en cours, alors même que les moyens de restauration sont tout simplement inexistants. Les élèves concernés ont été préalablement avertis de ramener avec eux un casse-croûte «maison» pour apaiser leur faim entre midi et une heure, en attendant de rejoindre les domiciles.

 Pourtant, il a été convenu, lors d'une récente rencontre ayant regroupé le wali, le directeur de l'éducation, les directeurs des établissements scolaires et les associations de parents d'élèves, qu'un «montage financier» devait apporter de l'eau au moulin et permettre aux établissements scolaires de s'approvisionner en nourriture. Mais, selon toute vraisemblance, le montage financier en question n'a pas encore trouvé ses marques.

 Pour rappel, le wali avait proposé de prendre sur le compte de la wilaya une contribution de 60% du coût global de ces approvisionnements, alors que la contribution de la direction de l'éducation a été placée à hauteur de 20% et le reste à la charge des parents d'élèves. D'une part, le wali a estimé que la facture qui lui a été soumise dans ce contexte, évaluée à 99 milliards, est «faramineuse», recommandant à la direction de l'éducation de réviser à la baisse ses calculs, et d'autre part, les parents d'élèves n'ont montré pour l'instant aucun signe de bonne volonté pour honorer leur participation à ce montage financier, donnant ainsi l'impression de laisser les choses aller vers «une application du système de la séance continue sans aucune mesure d'accompagnement en matière de restauration notamment, et voir après...».

 Non habitués à ce rythme, les parents avouent «qu'ils suivent difficilement les besoins de leurs progénitures, qui exigent désormais chaque matin un casse-croûte ou une bourse entre 100 et 200 dinars par élève scolarisé !».

 Contacté à ce propos, le directeur de l'éducation de Constantine, M. Allam Abdellah, reconnaîtra qu'il est « quasiment impossible » de prendre en charge la restauration de près de 90.000 élèves. «Nous assurons la demi-pension à travers quelque 40% des établissements scolaires, notamment pour les élèves nécessiteux et ceux qui habitent au-delà de 3 kilomètres. Mais pour les autres, on a détaché le personnel nécessaire pour garder les élèves entre midi et une heure, tout en instruisant les directeurs des établissements scolaires concernés de lancer une large consultation avec les parents d'élèves avant toute application du système de la séance continue», dira-t-il.