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Transport public: Les raisons d'une anarchie

par A. Mallem

Qui est responsable de l'anarchie qui règne dans le secteur des transports publics ? Pourquoi la notion de service public, le cahier des charges ne sont-ils pas respectés par les opérateurs privés et, quelquefois, par les entreprises publiques ? Pourquoi n'y a-t-il aucun contrôle des services concernés et pas de sanctions contre les fraudeurs qui prennent en otage le citoyen qui, à partir de 16 h, se trouve abandonné dans les stations ? Telles sont les questions évoquées lors de l'émission «Forum» de la radio régionale, consacrée hier à ce secteur, dont la qualité des prestations soulève le courroux des usagers constantinois.

 Intervenant en ligne, plusieurs citoyens ont exprimé leur désarroi en décrivant «la situation chaotique qu'ils vivent journellement dans de longues attentes aux stations, les bus bondés, les cohues, l'insécurité dans les stations où, sous la menace de l'arme blanche, on est souvent dépossédé de ses bijoux, portables et argent par des malfrats, etc». Ils n'ont pas manqué de dénoncer également les pratiques devenues maintenant habituelles de nombreux transporteurs privés qui arrêtent le service à partir de 17 h.

 Mais pour toute réponse, les responsables concernés, en l'occurrence le représentant de la direction des transports de la wilaya et celui du syndicat des transporteurs, qui ont tenté d'avancer des explications et des arguments, rejettent la balle dans le camp de la mairie, l'accusant de n'avoir pas mis en place le nombre de stations suffisant. «L'APC n'a rien fait !», a accusé le responsable du bureau de wilaya du syndicat national des transporteurs et tous ont constaté que le représentant de la municipalité, invité au débat, était absent. Ils ne manqueront pas également d'avancer l'argument de la configuration géographique de la ville des rochers pour expliquer la situation ainsi que le manque flagrant d'organisation qui caractérise le secteur. Contestant la qualification de la situation sur le terrain qui a été faite par l'animatrice en introduction du sujet, le représentant de la direction du transport a rejeté l'idée d'anarchie qui sévit dans toutes les lignes, affirmant au contraire que le secteur a connu un développement important, puisqu'il englobe aujourd'hui 1.200 transporteurs, dont 50 du secteur public et 4.535 taxis. De plus, a affirmé le représentant du syndicat des transporteurs, «il n'y a jamais eu de coordination entre nous et la direction des transports. Celle-ci n'a jamais daigné nous consulter ou nous convier à des réunions de coordination pour examiner en commun les problèmes qui se posent à ce secteur !», a déclaré M. Bousmid.

 Intervenant à son tour, le directeur de l'entreprise de transport de Constantine (ETC) a affirmé que son entreprise essaie tant bien que mal de combler les insuffisances en assurant le service de 6 heures du matin à 21h30 et à des heures plus tardives dans certaines situations exceptionnelles, avec seulement 50 bus. «Notre souci quotidien est d'assurer avant tout le service public», dira M. Chelli, le directeur de l'ETC, dont les prestations n'ont pas été trop critiquées.

 Les animateurs se sont beaucoup attardés sur le respect des cahiers des charges, relevant que les transporteurs privés font peu cas de cette donnée fondamentale. Ils ont cité le cas, devenu fréquent, des transporteurs privés qui ne vont pas au bout de la course affichée sur le fronton de leurs véhicules et font demi-tour au milieu du trajet, laissant en rade les voyageurs. Quelles sont les mesures qui ont été prises à leur encontre et pour faire cesser cette pratique illégale ? a demandé une journaliste.

 «La responsabilité incombe aux citoyens qui ne se plaignent pas par écrit aux services concernés ou à la police !», lui répondit le représentant de la direction du transport. Ce dernier a indiqué quand même que durant l'année 2008, plus de 300 opérateurs privés ont été verbalisés. Et pour les deux seuls derniers mois écoulés, ajoute-t-il, la commission des sanctions de la direction des transports s'est réunie à 27 reprises pour dresser 2.100 procès-verbaux de verbalisation à l'encontre de ces contrevenants.