|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Deux affaires banales, dirionsnous,
n'était-ce la mort de deux personnes, deux jeunes qui n'avaient pas encore
entamé leurs vies entièrement, ont été traitées par la gendarmerie nationale de
Mouzaïa et de Guerrouaou qui a arrêté trois personnes accusées de meurtres.
Ceci nous ramène vers la profonde mutation qu'a subie notre société,
conservatrice par excellence, au sein de laquelle on n'entendait parler de
meurtre que dans les histoires qui font peur aux enfants ou dans les films.
Mais depuis plusieurs années, surtout après la décennie noire, la mort est
devenue presque une chose commune et les jeunes, poussés en cela par la drogue
et le vin ainsi que par la perte de toutes les valeurs, tuent sans même y
attacher d'importance.
La première affaire a eu pour théâtre la ville de Mouzaïa et la victime est un jeune âgé de 23 ans. C'est une sordide affaire, un meurtre gratuit que l'alcool et le vice ont rendu possible. Ainsi, la victime, Y.A., 23 ans, demeurant au douar Chi'âni dans la commune de Mouzaïa, avait l'habitude de rencontrer les deux frères Dj.M., 31 ans, et Dj.A., 39 ans, pour boire jusqu'à se saouler. Durant l'après-midi du 19 novembre courant, Y.A. rencontra Dj.M. complètement ivre, le provoqua à plusieurs reprises, ce qui mit Dj.M. dans une fureur indescriptible. La future victime, pour se défendre, prit une pelle alors que Dj.M. s'arma d'un râteau avec lequel il porta un violent coup sur la tête de son adversaire. Celui-ci tomba à terre et le présumé assassin s'arma alors d'un pieu avec lequel il le poignarda à plusieurs reprises sur tout le corps. Comme le meurtre s'était passé dans le garage de sa maison, il commença par sortir le cadavre de sa victime pour le déposer dans un endroit assez éloigné. Son frère Dj.A. nettoya le garage du sang qui s'y trouvait et effaça toute trace du meurtre. Mais c'était compter sans la perspicacité des gendarmes qui ne mirent que quelques jours pour identifier et arrêter les meurtriers qui furent confondus à l'aide de preuves irréfutables. Présentés en début de semaine auprès du procureur de la République du tribunal d'El-Affroun, les deux mis en cause ont été placés sous mandat de dépôt pour meurtre avec préméditation et complicité. Quant à la deuxième affaire, elle a eu lieu dans la petite commune de Guerrouaou. Là aussi, les raisons qui ont conduit à une mort d'homme sont si futiles que nous nous demandons si les deux protagonistes se trouvaient dans leur état normal. Tout commença quand A.A., 22 ans, rencontra le dénommé D.N., 27 ans, qui circulait à bord d'un vélo que le premier nommé déclara lui appartenir et qu'il lui a été volé il y a quelques jours. La future victime nia les faits et affirma que le vélo lui appartenait et qu'il l'avait acheté. La dispute ne s'arrêta pas là, mais elle s'envenima. Puis, après les paroles, les deux protagonistes en vinrent aux mains et A.A. sortit un couteau et en assena plusieurs coups au niveau du thorax, de la cuisse et du visage de son protagoniste. Secouru par des passants et évacué de toute urgence vers l'hôpital de Boufarik, D.N. décéda dès son admission au service des urgences. Les gendarmes procédèrent alors à l'arrestation de l'accusé et le présentèrent en début de semaine auprès du procureur de la République près le tribunal de Boufarik qui ordonna sa mise sous mandat de dépôt pour coups et blessures avec arme blanche ayant entraîné la mort. Et c'est ainsi que la vie de plusieurs familles se trouve complètement chamboulée en ces jours d'Aïd pour des raisons vraiment futiles, sans commune mesure avec les conséquences douloureuses auxquelles elles sont arrivées. |
|