
Salatine
el foul oua zit, comme les surnommait Chikh Imam, les masri nous demandent de
leur présenter nos excuses. Sinon, ils vont décider de sanctions économiques
contre notre pays. Plus jamais, on ne recevra leurs feuilletons qui ont été à
l'origine de la dépravation de pas mal de nos jeunes filles. Ils ne sont
vraiment pas gentils les misri. Leurs artistes ne viendront plus animer nos
soirées. On va vraiment être embarrassés. Comment allons-nous dépenser les
milliards qu'ils encaissaient en guise de cachets ? Que deviendraient nos fêtes
de mariage sans la danse du ventre ? Méchants très méchants les misri,
qu'allons-nous faire sans la ringuilla, narguilé qui commençait à plaire à nos
jeunes ? Cela va être vraiment galère s'ils nous interdisaient de dépenser nos
milliers de dollars dans leurs «sharm echikh». Malheureux, malheureux on le
sera. Vite, vite, présentons nos excuses.
Excusons-nous
de ne pas pouvoir recevoir le président israélien dans notre capitale.
Excusons-nous d'avoir envoyé des jeunes Algériens perdre au Caire. Excusez-nous
d'avoir cassé le bus qui nous transportait et de nous être battus à l'intérieur
jusqu'à blesser trois de nos joueurs. Excusez-nous de ne pas avoir trouvé
l'escorte de sécurité qui pouvait éviter tout ce massacre. Excusez-nous de vous
avoir offert les images d'Algériens brandissant couteaux et sioufa lors de la
manifestation de soutien contre les massacres israéliens à Ghaza. Images que
vous avez utilisées pour illustrer notre présence au Soudan lors du match qui
vous a opposés à une équipe naissante. Excusez-nous d'avoir été bien accueillis
par Khartoum que vous pensiez acquise à votre cause. Excusez-nous d'avoir
envoyé à des prix symboliques nos jeunes. Excusez-nous d'avoir pu établir en quelques
heures des milliers de passeports. Excusez ces jeunes qui adorent leur pays et
qui sont prêts à tout. Excusez-nous d'avoir suivi les braiments de vos chaînes
satellitaires. Excusez mon père qui a perdu son dentier et qui ne peut plus
prononcer les «S». Il avait dit en fin de rencontre «J'étais chertain que nous
allions battre les Egypchiens».