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On ne cessera jamais de le dire : des centaines de familles, occupant des
logements menaçant ruine et dans des conditions d'hygiène déplorables dans
toute la ville d'Oran, appréhendent l'arrivée des pluies, car elles ne sont
plus perçues comme une bénédiction, mais comme une malédiction. L'un des
quartiers où le vieux bâti est dominant est sans conteste El-Hamri et dont la
totalité des bâtisses sont vétustes. C'est le cas du 88, Avenue Khalfallah
Bouâamrane (Lamur), où deux familles vivent dans des conditions inhumaines. La
première, composée de six personnes, vit dans une piaule de 6 mètres carrés
avec une toiture en zinc. Selon le père de famille, un sexagénaire malade et
percevant une pension de 4.000 dinars, cette situation perdure depuis des
années et les nombreuses demandes de logements, dont la première remonte à
1985, sont toutes restées sans suite. Leur espoir de bénéficier un jour d'un
logement décent subsiste encore, mais, en attendant, c'est l'état de santé des
occupants comme cet enfant de 6 ans, qui présente déjà des difficultés
respiratoires. Sa mère nous confie : «on me demande à chaque fois de lui faire
changer d'air. Mais où ? Si durant la journée elle peut être dehors, la nuit,
elle la passe dans cette cabane pleine d'humidité». Il en est de même pour les
correspondances adressées aux responsables locaux et nationaux dans le but de
bénéficier d'un appartement décent. Seules quelques commissions d'enquête,
communales ou de wilaya, se sont déplacées sur les lieux pour un constat sur
les conditions de vie des occupants. Quant aux éléments de la Protection
civile, leur mission s'arrêtait à relever les risques en établissant un arrêté
de péril. Reste les propriétaires des lieux, habitant également dans des
conditions identiques, ils ont été compréhensifs en supprimant les loyers
depuis plus d'une année et de conseiller à leurs locataires de faire des
démarches pour améliorer leurs conditions.
Il faut dire que ce sont des dizaines de maisons de ce quartier qui sont inhabitables dans des conditions normales, pour les énormes risques d'effondrement qu'elles présentent sur les occupants. Une virée à travers les ruelles de ce quartier vous renseigne sur l'état de dégradation avancé des constructions et rares sont celles qui présentent un visage reluisant. Mais, à certains endroits, comme c'est le cas du 43, Rue Er-Rouaz, si la façade donne l'impression d'une maison de maître relativement bien entretenue, l'arrière, accessible par une étroite impasse, vous donne une idée précise sur l'état d'abandon de la construction. Ici, dans des baraques de fortune, dont la superficie de chacune d'elles ne dépasse guère les 12m², s'entassent des familles nombreuses et les 3 chambres sont occupées par près de 25 personnes. En plus de l'étroitesse des lieux, se pose le problème de l'étanchéité et du manque d'aération et de la vétusté du réseau d'assainissement et des odeurs nauséabondes. Les conditions sanitaires ne peuvent être qu'alarmantes dans ces habitations et ce ne sont pas les praticiens du centre de santé du quartier, qui a été remarquablement retapé à neuf, qui vous diront le contraire, vu que quotidiennement, ils reçoivent des cas de pathologie dont l'origine ne peut s'expliquer en dehors des conditions de vie générale. Les exemples sont multiples et dans chaque rue on peut compter deux ou trois cas similaires. Et ce qui est le plus alarmant, selon les habitants du quartier, c'est le fait que la situation se dégrade de jour en jour et ce ne sont nullement quelques opérations de rafistolage qui peuvent régler le problème. En revanche, c'est l'absence d'interlocuteurs pouvant représenter le propriétaire qui est à l'origine de ce laisser-aller total. En effet, dans un quartier où le statut juridique des propriétés est majoritairement privé et dont les biens sont depuis le décès des propriétaires initiaux en indivision, personne ne daigne prendre ses responsabilités pour des travaux de consolidation. En plus, contrairement à des quartiers identiques et qui ont été construits par la puissance coloniale pour contenir les populations autochtones comme c'est le cas de Ville Nouvelle, à El-Hamri les prix du foncier demeurent encore dérisoires relativement à Mdina J'dida, où le prix du mètre carré atteint des prix inimaginables du fait de la vocation commerciale du quartier. El-Hamri est, quant à lui, resté en marge de cette dynamique qui fait de lui l'un des sites d'habitations qui drainent le moins de promoteurs. Ces exemples ne sont que des échantillons dans ce quartier où les solutions pouvant provenir de l'Etat n'existent pas en raison de la prédominance de la propriété privée. En effet, les chances de relogement de ces familles n'existent qu'en cas d'effondrement, voire de mort d'hommes, comme cela a été le cas en novembre 2007 à la Rue de Castille, lorsqu'un effondrement a causé le décès d'une occupante. Ce décès, faut-il le rappeler, a fait réagir la population du quartier qui, durant plusieurs jours, a manifesté sa colère et en érigeant des baraques de fortune sur la voie publique. «De toutes les promesses de l'époque, il n'y a eu que du vent», estiment les habitants du quartier, qui disent qu'ils ont été leurrés à l'époque juste pour permettre un bon déroulement des élections locales du 27 novembre 2007. Ce qui irrite également ces citoyens est le fait que des dizaines de projets de logements sociaux ont été achevés sans bénéficier du moindre logement. En revanche, soutiennent-ils, ce sont des personnes dans l'aisance qui en ont profité. Néanmoins, un enveloppe conséquente, 100 milliards de centimes, a été dégagée dernièrement pour retaper ce qui peut l'être encore dans ce vieux quartier. |
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