Alors que le développement du secteur du Tourisme dans la région
sétifienne peine à trouver des repères, nombre de spécialistes mettent aux
débats une des plus pertinentes problématiques touchant ce secteur clé, «Quelle
architecture pour quel tourisme ?». Une question à laquelle la réponse semble
difficile. Car, au regard de la majorité des intervenants, l'architecte est
confronté à des contraintes auxquelles il a du mal à faire face. Pire,
l'architecture à Sétif en particulier et en Algérie en général, reste à l'écart
des tendances de fonds qui touchent la société. Elle n'est pas inscrite à l'ère
du temps et a du mal à innover. Est-ce la faute de l'administration, des
architectes ou encore des chargés de l'aménagement des zones touristiques ?
Selon les spécialistes ayant traité le sujet, la responsabilité est partagée.
Le métier d'architecte a, depuis l'engagement des autorités locales de la
région sétifienne, notamment depuis l'avènement de M. Bedoui N, wali de Sétif,
dans une industrie touristique, contribué au développement socio-économique de
la région en général et du secteur touristique en particulier. L'architecture
en tant qu'expression matérielle se trouve, désormais, concernée par la
problématique de «Quelle architecture pour quel tourisme ?», sachant que le
style architectural constitue un argument de vente pour plusieurs destinations
touristiques. Incontestablement, le tourisme sétifien est une activité qui peut
contribuer dans le confortement de l'économie locale voire même régionale.
Actuellement, il contribue à hauteur de 6 % aux recettes locales et emploie des
centaines de personnes de manière directe et indirecte, sans oublier que c'est
un pourvoyeur de fonds important avec un effet d'entraînement positif sur les
autres secteurs de l'économie régionale. Entre le début de l'industrie
touristique et aujourd'hui, plusieurs changements ont intervenu dont notamment
la diversification du produit touristique, qui ne se limite plus au tourisme
balnéaire qui repose sur les installations connus tel que Hammam Guergour,
celui de Soukhna etc. Le tourisme sétifien cherche à s'adapter à de nouveaux
produits, largement demandés, à l'instar du tourisme culturel, de plaisance, de
résidence, de congrés, écologique... D'où, la nécessité d'une réflexion, de
concertations et surtout de débat entre les architectes, promoteurs,
concepteurs et responsables des diverses institutions publiques afin de
maîtriser la complexité de son processus et d'envisager la perspective la plus
cohérente pour son développement. Or, les architectes, qui sont au coeur de la
conception des établissements touristiques avouent eux-mêmes que le produit
architectural est étroitement lié à un cadre institutionnel dans lequel il
évolue. Dans la majorité des cas, comme le souligne M.T.B., l'architecte se
trouve sous l'influence des maîtres d'ouvrage, des bailleurs de fonds et des
aménageurs de l'espace. Partant, il n'a pas vraiment une marge pour laisser
libre cours à son imagination. D'où confirme son collègue W.B. l'absence de
réflexion, de créativité, de grande innovation, voire de style et d'esprit
architectural touristique sétifien. Les hôteliers se retrouvent souvent à court
d'arguments pour vendre leurs unités. L'architecte M.G., de son côté, estime
que l'architecture sétifienne «encore plus algérienne» est restée à l'écart des
tendances de fond qui touchent la société. Elle n'est pas inscrite, en tous
cas, pas beaucoup dans l'ère du temps. A Sétif, il n'existe pas d'hôtels
d'auteurs, comme ailleurs, dans les grandes métropoles. A son sens, ce manque
est dû à l'absence de grandes chaînes à Sétif et dans les wilayas qui lui sont
limitrophes. La finalité de la manifestation est de lancer le débat entre
l'administration, d'un côté, et les architectes de l'autre. Et, le constat
dégagé montre que l'administration a fait son autocritique à propos de ses
choix et de sa manière de faire. M. Khaled T., architecte, a dressé un tableau
de l'offre sétifienne touristique, afin de mettre en valeur le développement du
secteur. Un secteur dont le parc hôtelier est composé de peu d'unités, avec une
majorité écrasante d'hôtellerie classique et très peu d'hôtels de charme, de
gîtes ruraux... une capacité hôtelière qui s'est multipliée par 7, entre les
années 70 et aujourd'hui. Le représentant de l'administration a, par ailleurs,
précisé la complexité d'un projet touristique et l'importance du rôle de
l'architecte dans toutes les étapes, affirmant que la commission technique est
un acteur qui vient assister les promoteurs. Par contre, ce qui apparemment a
fait défaut dans ce cursus touristique, ce sont les plans d'aménagement. Pour
Mme T.O., architecte de son état et maître d'un bureau d'études, les zones
touristiques sont en crise, en termes d'exportation, et le secteur touristique
en crise de producteurs d'aménagement. «Les aménageurs assument une
responsabilité en termes de conception de plans d'aménagement sans projet
urbain, de plans qui ne sont pas rassembleurs, pas intégrés dans
l'environnement immédiat de la zone touristique. Les plans d'aménagement ont
plutôt été conçus pour des projets individuels, pour les promoteurs», a indiqué
Mm B.O. En 2006, un nouveau décret a été promulgué pour le développement du
tourisme. Ce qui est certain c'est que l'avenir est, au regard de la demande
internationale touristique, au tourisme écologique, au tourisme durable. Un
tourisme qui respecte l'homme et la nature et où les architectes peuvent
intervenir, non seulement pour concevoir, mais pour restaurer des sites et des
lieux anciens d'habitation déjà existants.