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Entre 2005 et 2030, l'Algérie émettra 95 % de CO2, une prévision
problématique soutenue par une autre, le doublement de la taille des réseaux
électriques nationaux sur la même période.
Ces prévisions ont été émises par des spécialistes, lors de la table ronde que le Reage a organisée dans le cadre de son 3è Forum qu'il a organisé dans la capitale française le 7 novembre dernier. Les énergies renouvelables ont été au centre du débat. Cette alternative pour atténuer des effets du réchauffement climatique pourrait se traduire, a-t-il été affirmé, par «l'initiation et la mise en oeuvre de projets de Mécaniques de développement (MDP)». Comparée à la Chine et à l'Asie en générale, la Méditerranée a, affirme un spécialiste français, «très peu de projets à cet effet». Il y a lieu, selon lui, «d'améliorer les interconnexions inter-frontières avec une volonté ferme de développer une sorte d'anneau électrique tout autour de la Méditerranée». Le nucléaire pourrait, voire devrait constituer une alternative sûre. «Nous essayons de l'étudier pour le sud de la Méditerranée, mais ce n'est pas évident, il faut de la matière grise qui s'y connaisse. Il y a un besoin énorme de formation», a souligné un spécialiste français. Et «l'autre problème, selon lui, il se pourrait que la taille des réseaux électriques double à l'horizon 2030». Tewfik Hasni, ancien vice-président du groupe Sonatrach, fondateur de la filiale «Energies nouvelles - Station solaire hybride à Hassi R'Mel -, a appuyé ses propos sur les données du rapport ECOMED concernant particulièrement les situations des pays constituant les 5+5. «L'électricité n'est pas stockable et la rupture de livraison n'est pas tolérée», a-t-il commencé par affirmer. En référence à des sources onusiennes, Hasni a fait savoir que le PIB par habitant en Algérie est de 6.533 dollars, le taux de croissance de l'électricité entre 2007-2050 est de 1,5 %. «Comment doubler le PIB ? a-t-il interrogé. Son autre affirmation «de 2008 à 2016, la consommation de l'électricité va doubler». Pour répondre à son interrogation et préciser davantage ses affirmations, Hasni évoque «un scénario laisser-faire, qui consiste à doubler sans l'utilisation de cette énergie pour la création de richesses». Il rappelle qu'en Algérie, un fonds a été créé pour la promotion des énergies renouvelables financé à hauteur de 0,5 % par la fiscalité pétrolière. «Le financement de programmes et projets dans ce cadre constitue donc une contrainte majeure». Il évoquera pour la circonstance, Desertec, ce projet qui consiste à créer de l'énergie dans le grand Sud par l'implantation d'innombrables panneaux solaires. Projet qui, faut-il le rappeler, a été initié avec les Allemands dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UPM), cette initiative sarkozienne à qui l'envergure politique a été retirée depuis les ignobles massacres israéliens contre Gaza. «Ce sera 50 millions de C02 d'évités» «Desertec, dit Hasni, est un projet d'exportation d'énergie vers l'Europe à travers un pont entre Hassi R'Mel, l'Espagne et l'Italie pour un potentiel d'ici 2020, de 25. 000 Mgw». Il estime les coûts «très concurrentiels entre 2 à 3 cents d'euros par Mgw par une formule hybridation la plus sûre». Le plus important selon lui est qu'«ainsi, ce sera 50 millions de CO2 d'évités». Hasni indique que l'étude de faisabilité de Desertec vient d'être lancée mais, précise-t-il, «plutôt dans le cadre des 5+5 parce que celui de l'UPM est trop large». Le président du Club Energie du Reage interviendra pour rappeler que «le gaz sera encore disponible en Algérie pour encore 15 à 20 ans. Il est prévu la construction d'une usine de turbine en 2012 et une autre en 2017». Avec cela, il est convaincu que «le solaire est la solution la plus crédible». Il préconise à cet effet «la création d'une filière intégrée soleil (algérien) et financements Desertec.» L'animateur du Reage précise que le nucléaire a aussi son importance dans ces prévisions. «La loi sur le nucléaire est en cours d'élaboration», fait-il savoir. Ancien DG de Sonelgaz et ancien ministre de la Formation professionnelle et de l'Industrie, Abderahmane Keramane rebondit sur la question de la croissance du simple au double de l'électricité en Algérie à l'horizon 2030 pour affirmer que «nous ne pouvons soutenir une croissance de 8 % en électricité, il y a un problème d'efficacité énergétique en Algérie». Il est vrai, ajoute-t-il, «que l'APRUE a lancé l'opération d'un million d'ampoules d'économie d'électricité mais il n'est pas normal que là où on pourrait faire de l'économie par des process industriels plus indiqués, il y a un surinvestissement pour la production». Il calcule alors qu'«avec 9.000 Mgw de capacités installées, on aura 5 à 6 % en 2025-2030. Avec 18 000 Mgw à cet horizon, on peut introduire une centrale nucléaire avec une capacité de 1.000 Mgw. Ce qui nous donne 12 à 15 % d'énergie renouvelable». Et qui serait à se yeux, «tout à fait remarquable !». L'ancien ministre de l'Industrie, qui a choisi de se présenter à l'assistance uniquement comme ancien DG de Sonelgaz, recommande au sujet de l'utilisation du nucléaire en Algérie qu'«on pourrait continuer à introduire une centrale d'année en année». Il estime qu'«il y a un important gisement d'économie d'énergie en Algérie». Ces usines «budgétivores» Keramane souligne qu'«en 2000, j'avais dit au ministre de l'Energie que nous sommes très en retard, mais il n'a pas apprécié». Il pense quand même, qu'«en 2030, il faut en principe qu'on ait un mixe énergétique maîtrisé». Mais cela suppose, dit-il, «une gouvernance dans la transparence et la clarté pour éviter toute mauvaise intention tout en choisissant des partenaires solides». Keramane lance en conclusion que «ce n'est pas l'option des usines de dessalement qui sont budgétivores et qui sont d'un rendement extrêmement mauvais qui pourrait aider le pays». Le DG de British Petroleum (BP) conseille à l'Algérie de «continuer à développer ses recettes pour financer les énergies alternatives, parce qu'il y a un prix à payer». Il fait part de l'existence d'un projet à In-Salah, de capture de carbone par séquestration. «Un projet unique pour capturer 4 millions de C02, dit-il, pour rendre le gaz commercialisable en Europe». C'est un projet initié par Sonatrach, BP et Epsor, pour 100 millions de dollars «mais sans aucun bénéfice», souligne le DG de BP Algérie qui ajoute qu'«on teste cette formule, en fait, ce sont des cocktails». En réponse à une question de la salle sur un éventuel recours de l'Algérie au bio fuel, l'ancien vice-président du groupe Sonatrach, Tewfik Hasni, note qu'«il y a eu un projet bio fuel par la récupération des déchets de dattes mais il y a eu un problème de coût». Interrogé sur l'existence ou pas d'une feuille de route algérienne relative aux énergies renouvelables, il dit «toute la stratégie a fait l'objet d'une étude. Mais, pour lui fixer des objectifs précis et des échéances, la complexité de la tâche réside dans le fait que les règles du marché ne sont pas aussi évidentes qu'en Europe. Il faut une mutualisation de ces surcoûts». Rappelant que les prix de l'électricité sont soutenus par l'Etat, il estime qu'«il est impossible de toucher à ces prix. Sonelgaz n'arrive pas à opérer les augmentations de 10 % qu'elle estime nécessaire». Hasni affirme ainsi qu'«il y a des contraintes trop importantes pour que les projets soient plus précis et plus pragmatiques pour être réalisés». Les projets pour les besoins algériens et pour l'exportation ne peuvent l'être parce que, affirme-t-il, «tout est biaisé par les prix administrés». |
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