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Le scénario du pourrissement n'est pas acceptable

par Kharroubi Habib

La participation des enseignants au mouvement de grève déclenché par les syndicats autonomes est inégale en ampleur d'une région du pays à une autre. Il n'empêche que globalement, ces syndicats ont raison de parler de «victoire». Il y a longtemps en effet que les grèves cycliques organisées dans le secteur de l'éducation n'ont pas été autant suivies par le personnel de l'enseignement que celle entamée depuis hier.

 La paralysie d'une grande partie des établissements scolaires du pays est une réalité, même si l'administration de Benbouzid refuse de l'admettre. Il en sera ainsi pendant une semaine, selon le mot d'ordre des syndicats autonomes. Pour quel résultat, là est toute la question ! Il est improbable en effet, voire impossible que la position des pouvoirs publics sur les doléances et revendications qui sont la cause de cette grève, s'infléchisse. Ce n'est pas dans le caractère de Bouteflika de céder sous la pression. Or, c'est lui seul, et non le Premier ministre ou le ministre de l'Education nationale, qui est en pouvoir de mettre un terme à la fronde qui paralyse l'enseignement.

 Cette fois pourtant, il nous semble qu'il serait déraisonnable que le Président prenne le parti du «pourrissement», qui consiste à laisser la grève aller à son terme en tablant sur la lassitude du corps enseignant à l'égard d'une action qui ne parvient pas à se faire entendre par les pouvoirs publics.

 Une telle attitude, à notre avis, ne fera au contraire que renforcer l'union sacrée de ce corps autour des syndicats autonomes et la continuité de sa «protesta» sous la forme de journées de grève à répétition, comme s'y sont engagés ces derniers au cas où il n'est pas tenu compte de leur cahier de doléances. Dans un pareil scénario, l'on imagine les dégâts que cela va avoir sur la scolarité des élèves de tous les paliers de l'Education nationale.

 Même dans ce cas de figure, les enseignants sont assurés de la sympathie des parents de ces élèves qui reconnaissent la justesse de leurs revendications et la légitimité de leur contestation de décisions dont certaines relèvent de la politique des «deux poids, deux mesures». Celle notamment injustifiable qui a consisté à supprimer la rétroactivité du versement des indemnités pour le corps enseignant. C'est celle-ci, et nous le répétons, qui a «fait déborder le vase» et poussé les enseignants à faire bloc dans la protestation.

 Ceux qui ont poussé à la prendre auraient-ils voulu réanimer la fronde sociale qui s'essoufflait dans le secteur de l'Education nationale, ne s'y seraient pas mieux pris autrement. Dans quel but et pour quel dessein, là est l'interrogation.

 La sympathie populaire dont bénéfice la «protesta» des enseignants est indéniable. Elle peut être le déclencheur d'un mouvement de contestation sociale de plus grande amplitude, par solidarité avec ces enseignants, mais surtout par «ras-le-bol» d'une politique sociale à la carte. Laquelle ne prend en compte que le besoin social de catégories professionnelles dont le soutien et la fidélité sont indispensables au système et au régime en place.