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Poursuivi pour trafic d'armes: Cinq ans de prison pour un baron du kif

par H. Saaïdia

A l'audience «inaugurale» de la session criminelle, hier, une affaire de trafic d'armes, comme annoncé dans le rôle. Toutefois, à suivre les débats, les faits se sont avérés beaucoup moins spectaculaires avec comme seul corps du délit : un pistolet automatique Beretta. Au-delà de ce détail, c'est plutôt le profil criminel des accusés qui revêt le dossier d'un tel intérêt. En effet, deux trafiquants de drogue, au CV bien fourni, occupaient le box des accusés. Multirécidivistes, comme en témoignent leurs casiers judiciaires entachés de plusieurs condamnations pour trafic de drogue, S.M et B.R, la cinquantaine, devaient répondre des charges de «détention d'arme à feu de 1ère catégorie, faux et usage de faux, trafic d'armes à feu et falsification de documents administratifs». Les faits de l'affaire remontent au 2 décembre 2007. Ce jour-là, agissant sur informations, les services de sécurité opèrent une perquisition dans le domicile de S.M situé dans la localité d'El-Kerma, dans la périphérie ouest d'Oran. Les gendarmes espéraient mettre la main sur une grosse cargaison de kif. Au lieu de quoi, ils trouveront une panoplie d'armes blanches et, surtout, une arme à feu, un pistolet automatique de marque Beretta 6.35 de calibre 9 millimètres, ainsi que deux faux permis de conduire au nom du deuxième coaccusé, B.R, qui n'est autre qu'un proche parent de S.M. Selon le rapport établi par le laboratoire régional de la Police scientifique, les deux permis de conduire, délivrés dans la wilaya de Sétif, étaient des documents falsifiés. Arrêté sur place, S.M déclare que le revolver appartenait à son cousin B.R, qui le lui avait remis en guise de «garantie» pour une dette de 12 millions de centimes. Allégations démenties en bloc par B.R, qui crie à un acte de vengeance de la part de son cousin, qui gardait une dent contre lui, selon ses dires, depuis leur sortie de la prison où ils ont croupi pendant huit bonnes années pour une affaire de kif. Bref, B.R s'est dit avoir été enfoncé à tort par son «cousin ennemi», soulignant être revenu sur le «droit chemin» depuis sa sortie de prison, en 2005. Ce n'est pas l'avis de la procureure générale, qui a, par ailleurs, remarqué que «ces armes et ces faux documents avaient un lien étroit avec l'activité criminelle des deux mis en cause, qui étaient, casiers judiciaires à l'appui, des barons du kif». La représentante du ministère public a requis 15 ans d'emprisonnement contre B.R et 7 ans d'emprisonnement contre son codétenu S. M.A l'issue des délibérations, S.M a été condamné à 5 ans d'emprisonnement alors que son coaccusé B.R a été innocenté.