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Dans le cadre du cycle «Le cinéma et la guerre de libération», la
cinémathèque d'Oran a abrité dimanche la projection du premier long métrage de
fiction du cinéma algérien, «Une si jeune paix», réalisé en 1964 par Jacques
Charby.
Ce film raconte l'histoire de quelques gamins ayant perdu leurs parents lors de la guerre et vivant dans une grande et luxueuse villa d'Hydra, à Alger, villa ayant appartenu à un riche colon et qui leur sert, trois mois après l'indépendance, d'orphelinat de fortune. Par ce film, le réalisateur a essayé de montrer les graves séquelles laissées sur les enfants dans la période post-indépendance. On a appris d'ailleurs que le réalisateur, qui a lui-même souffert des affres du nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale et dont la famille a été déportée, a adopté l'enfant ayant joué le rôle principal dans ce long-métrage. Dans ce film, le réalisateur a voulu montrer les traumatismes de ces enfants, dont pour certains la mort des parents a eu lieu après le fameux 19 mars. On remarque, à de nombreuses reprises, quelques-uns de ces gamins, plongés en de profonds songes, se souvenant du jour où des membres de leur famille avaient été froidement assassinés. «Vous aurez peut-être l'indépendance, mais vous ne la verrez pas !», disaient alors, pleins de haine, les membres de l'OAS. A voir ce film en 2009, on comprend mieux la plaie laissée ouverte à cette époque, causée par l'OAS, sur des enfants livrés à eux-mêmes et ne jurant que par les jeux de guerre. Se considérant comme deux bandes rivales, leur jeu consistait uniquement à se faire la guerre. Leur jeu était de se jeter les pierres les uns sur les autres et de traquer les traîtres et les espions. Mais cette sorte d'amusement a fini sur un évènement tragique. Comme si le réalisateur a voulu, par le biais des enfants, lancer un message aux adultes, leur dire que la guerre est bel et bien finie, et qu'il est absurde de continuer à se chamailler par des combats fratricides, combats qui peuvent mener à la mort. Après la projection, un débat a été organisé, auquel le directeur des moudjahidine à Oran, le chargé de la communication de la cinémathèque d'Alger, Aziz Boukrouni, et le comédien Ahmed Benaïssa ont prit part. Lors de ce débat, un hommage a été rendu à tous les Européens qui ont été tués, emprisonnés ou même torturés pour que vive la nation algérienne, libre et indépendante. A cela, à la surprise générale, deux vieilles personnes, celles ayant joué le rôle des marionnettistes dans ce film, ont fait leur apparition dans la cinémathèque, alors que personne ne s'y attendait. |
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