|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Il y a 2.450 ans déjà, Platon disait : lorsque les pères s'habituent
à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs
paroles, lorsque les maîtres tremblent devant la grossièreté de leurs élèves et
préfèrent les flatter... amala tzaguett.
Il est des fois où je parais grossier. Mais, croyez-le, ce n'est nullement un problème de limite du vocabulaire. Comme ceux qui sont obligés de vivre grâce à leurs écrits, il m'arrive de faire de jolies phrases, avec des jolis mots, qui caressent l'oreille et humidifient les yeux. Des accords en accord avec l'air du temps et des métaphores bien senties. Ma grossièreté s'exprime quand la correction et la politesse disparaissent de mon paysage. Là je pète un fusible. Pas toujours ni en toutes circonstances, mais quand je tiens une porte, pour laisser passer une femme ou un vieil homme, je n'aime pas qu'on m'ignore. Un «merci» n'a jamais tué personne. Quand je pose une question, j'aime bien qu'on me réponde. Par oui ou par... Quand je m'arrête en voiture en stoppant le flot automobile derrière moi pour laisser traverser un piéton, ne serait-ce qu'un simple regard de ce piéton vers moi, ne me semble pas superflu, alors, quand il fait merci de la mainou encore mieux, qu'il sourit, c'est carrément la fête !)... Quand je fais remarquer à un préposé au guichet qu'on n'a pas été correct ou poli, je trouve aussi assez ridicule la réponse «j'te parle ki nabghi». Pourquoi je cause de tout ça ? Parce que je trouve que, quand même, ça devient une denrée rare, les gens corrects, juste corrects... Par exemple, lorsqu'on double un automobiliste, celui-ci, au lieu de ralentir légèrement, accélère, comme si se faire doubler était un déshonneur, un outrage qu'il fallait laver dans le sang, ce qui, d'ailleurs, arrive parfois. Incorrection qui mène à la violence. On n'a pas idée d'insulter, comme chez nous, un malheureux confrère qui aurait l'honnêteté de respecter les limitations de vitesse et de ralentir ainsi légitimement la circulation. Appels de phares, coups de klaxon, poings rageurs, intimidation font partie de la panoplie du parfait petit chauffard, c'est un plaisir et c'est un jeu. Il n'est rien de plus exquis au volant que d'impressionner l'autre, sinon de lui faire peur. On en revient à l'enfance. Un brin de politesse, de correction modérerait tout cela. Les automobilistes sont des seigneurs qui n'écoutent personne. Leur voiture est leur forteresse. Les piétons aussi. Ils se sentent seuls dans leur égo et maîtres de l'univers. Alors, monsieur Platon, vous aviez déjà il y a 2.450 ans raison ! |
|