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Batna: Les enseignants vident leur sac

par Manaâ Nacer

Le secteur de l'Education de la wilaya de Batna a déclenché, au lendemain de la rentrée scolaire, une alerte eu égard aux piètres résultats obtenus en juin 2009. Trois journées d'études viennent d'être tenues par les responsables du secteur, assistés du directeur de wilaya de l'Education, M.Belgacem Djemaï, et sous l'égide du wali de Batna, M. Bouazghi Abdelkader.

 Les débats ont porté sur une lecture critique des résultats des examens de fin d'année. Les langues se sont déliées. Ainsi, l'accent a été mis, après analyse des statistiques établies par le COSP (Centre d'orientation scolaire et pédagogique) sur les moyens devant permettre au Comité pédagogique de wilaya de «prendre en charge les contraintes qui ont entravé l'obtention de bons résultats», a déclaré à l'ouverture de la journée d'études le wali de Batna.

 La glorieuse wilaya des Aurès a déçu, outre les autorités tant centrales que locales, toute la famille de l'Education ainsi que les parents d'élèves, dès lors qu'elle se déclasse d'année en année, pour glaner la 36ème place au niveau national, avec un taux de réussite au Bac de moins de 30 %.

 Au même titre, les examens du BEM et de la cinquième année primaire n'ont pas été épargnés du blâme avec, respectivement, 58 % pour le BEM (26ème rang) et 63 % pour la cinquième.

 Assistés de leurs inspecteurs de matières, pour les trois paliers, les chefs d'établissement ont dû s'expliquer sur les résultats autant pour les primés par les autorités locales que ceux «blâmés» ou plutôt décevant pour paraphraser le directeur de l'Education, M. Belkacem Djemaï. Le wali a proposé l'instauration d'une prime financière, allant jusqu'à 100 millions de centimes pour le lycée-lauréat sur les 59 de la wilaya. «Ce pécule est mis à la disposition du chef d'établissement pour le gérer comme bon lui semble», précise le premier magistrat de la wilaya. Et de citer, à titre d'exemple, l'organisation de voyages pour les enseignants et les lycéens, l'achat d'un véhicule pour la structure ou encore d'autres actes allant dans le sens de la stimulation de l'environnement général.

 Le wali se désole qu'en dépit de la multiplication, à travers les fins fonds de la wilaya de places pédagogiques, les résultats demeurent piètres. «Il faut agir sur la qualité» dira-t-il, relayé par le directeur de l'Education qui a sommé les acteurs à «arriver pour la saison 2009/2010, au taux de plus de 80 % pour tous les paliers».

 A leur tour, les chefs d'établissement et les inspecteurs des circonscriptions territoriales compétentes profiteront pour vider leurs sacs et étaleront une multitude de contraintes, spécifiques à leur région. La région steppique de Djezzar et Barika a battu le record en matière de très faibles taux de réussite dans les trois examens. Ce qui a mené le directeur du secteur à programmer en urgence des journées d'études «pour diagnostiquer les contraintes et agir en conséquence».

 Ces responsables d'établissement évoqueront, entre autres, le déficit et l'instabilité du corps enseignant, le transport en général (pour l'enseignant) et scolaire en particulier, la non résidence du directeur d'établissement sur les lieux, et l'environnement socio-économique des populations, notamment dans les zones paupérisées. Il est alors fait appel aux enseignants suppléants ne disposant pas de formation pédagogique conjuguée à une insuffisance dans la matière enseignée, à l'exemple des langues étrangères.

 Pour un représentant de la fédération des parents d'élèves «les grèves anarchiques des syndicats ont été, pour une large part, responsables du tsunami qui a frappé l'Ecole algérienne cette année. Les enseignants assumeront leur responsabilité devant la société», ajoutant amèrement que «même les familles ont totalement démissionné, accablé par les vicissitudes de la vie quotidienne, difficile en ces temps, il faut l'avouer».

 Dans son bilan chiffré, le COSP via le comité pédagogique a recensé presque les mêmes contraintes pour tous les paliers et y soumet une série de mesures de traitements pour améliorer les résultats dans les prochaines années.

 Résumant la problématique, le directeur de wilaya de l'Education, qui a présidé aux trois journées fleuves, tranchera : «la bataille de la quantité a été gagnée eu égard aux enveloppes faramineuses dont a bénéficié le secteur qui s'est doté d'infrastructures en nombre, il nous est demandé d'entreprendre la bataille de la qualité. Et c'est possible si notre famille prend à coeur la noble mission du savoir, à charge pour les familles de nous accompagner dans les cursus», lance comme appel M. Belgacem Djemaï.