L'or contrefait continue d'inonder le marché. «40% de l'or commercialisé
au niveau du marché informel est contrefait». C'est ce qu'a déclaré M.
Boulenouar Hadj Tahar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et des
artisans algériens (UGCAA), la semaine dernière à l'occasion d'une conférence
de presse sur le phénomène de la contrebande. «Environ 15 tonnes d'or
contrefait, de moins de 18 carats (entre 18 et 14 carats) et avec de faux
poinçons, circulent sur le marché informel, ce qui représente 40% de l'or
circulant sur le marché parallèle, représentant quelque 30 milliards de
dinars», affirme M. Boulenouar. Ces bijoux trichés sont soit importés
frauduleusement soit fabriqués dans des ateliers clandestins qui échappent à
tout contrôle. «Les réseaux de contrebande s'approvisionnent notamment en
Turquie, en Italie et en Syrie». Le même interlocuteur a saisi l'occasion pour
dénoncer le phénomène de la contrebande qui porte préjudice à la corporation
des bijoutiers affiliée à l'UGCAA. Pour lui, la vigilance du consommateur reste
la seule arme pour lutter contre ces pratiques frauduleuses. Ainsi, le
consommateur ne doit acheter de bijoux que chez les commerçants formels et doit
exiger la facture réglementaires mentionnant le titrage légal de 18 carats,
ainsi que le poids du bijou. Dans ce cadre, une grande opération a été lancée
pour sensibiliser les bijoutiers afin de ne s'approvisionner que chez des
fournisseurs (artisans, producteurs, importateurs) connus, tout en leur
exigeant les factures réglementaires et de n'acheter que des bijoux dont le
titrage est conforme à la réglementation en vigueur. Les commerçants sont,
quant à eux, appelés à ne pas acheter de bijoux en or en dehors des commerces
légalement autorisés et détenteurs de registres de commerce. M. Boulenouar a
indiqué que la contrebande est une sérieuse menace pour l'économie algérienne,
puisque, selon les estimations de l'UGCAA, 90% des échanges commerciaux sont le
fruit de la contrebande et plus de 50.000 personnes travaillent directement
avec les réseaux de la contrebande et activent dans la distribution des
produits de la contrebande, ou des produits contrefaits ou carrément des
produits prohibés comme la drogue. La contrebande a touché également le marché
de la devise. «Les devises qui circulent sur le marché informel sont estimées à
100 milliards de dinars», a-t-il ajouté. L'Algérie est un grand marché pour la
contrebande. «Les contrebandiers ont investi le créneau du carburant, les
produits alimentaires, le cheptel, le cuir et les dattes et font introduire
illégalement les cigarettes, la pièce détachée, la drogue, les vêtements et les
pétards», a conclu M. Boulenouar.