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Les médecins demandent une autre législation: Le don d'organes pose toujours problème

par Moncef Wafi

Le premier congrès sur la transplantation d'organes, en Algérie, a été l'occasion de revenir sur un sujet qualifié de «tabou» dans la société algérienne et la nécessité d'aller vers des donneurs d'organes en dehors de la famille du patient. Une requête soulignée par des professeurs et médecins spécialistes qui souhaitent que «la législation en Algérie aille vers cette ouverture, comme c'est le cas dans plusieurs pays européens». Ahmed Nekhla, médecin au service de chirurgie thoracique et cardio-vasculaire du Centre hospitalo-universitaire Mustapha-Bacha, a expliqué que le don d'organe n'est pour le moment permis qu'aux membres d'une même famille de premier degré, c'est-à-dire, le père, la mère, le fils ou le frère ce qui est interdit paradoxalement à l'époux. Une situation qui met en danger des millions de malades dans le besoin d'un organe. Pour la seule insuffisance rénale chronique, six millions d'Algériens sont menacés et 4 500 nouveaux cas sont enregistrés annuellement. Evoquant justement la greffe rénale en Algérie, Ali Benziane, médecin au service néphrologie du CHU de Béni-Messsous, a relevé qu'il y a en moyenne 120 greffes annuellement au niveau national, observant cependant que la demande demeure « beaucoup plus importante ». Les dons enregistrés ont été faits par des parents, conformément à la loi en vigueur, et seuls six prélèvements cadavériques ont été effectués à Constantine, en 2002. Les spécialistes estiment que ce cercle est « trop étroit et n'est nullement en mesure de répondre à un important besoin de santé publique ». Le SG de la Société algérienne de néphrologie avait appelé à l'élargissement du cercle des donneurs qui constituent, selon lui, une nécessité pour la prise en charge des malades sur l'ensemble du territoire national et généraliser le prélèvement cadavérique. Une option qui demeure pourtant « difficile » à mettre sur pied car elle nécessite, selon les spécialistes, une « logistique adéquate et un travail de sensibilisation auprès de la population ». Le Dr Nakhla expliquera qu'« il est impératif de disposer de centres d'urgence bien équipés, de centres de réanimation très performants et d'une infrastructure permettant le prélèvement d'organes dans les heures qui suivent le décès », en insistant par ailleurs sur la technicité et l'expérience des praticiens algériens. Malgré le feu vert des religieux quant au prélèvement d'organe sous certaines conditions, « il faut s'entourer de toutes les précautions pour que le don soit volontaire et intervienne sans pression morale ou psychologique sur le donneur et sans contrepartie financière », a toutefois averti l'ancien ministre des Affaires religieuse, M'hamed Beredouane, professeur au CHU Mustapha-Bacha, cette « incohérence » législative a contraint certains malades, financièrement à l'aise, à aller se soigner en Europe, notamment en France, après avoir obtenu l'aval d'un cousin, d'un parent par alliance ou du conjoint de leur donner l'organe dont ils ont besoin. En Tunisie, les donneurs altruistes (non apparentés) représentent une importante partie de l'ensemble des donneurs d'organes alors qu'en Iran, c'est l'Etat qui s'occupe de l'opération et qui offre, en contrepartie, des récompenses aux donneurs d'organe. Le reste n'est qu'une question de sensibilisation de la société sur le sujet du don d'organe puisque on ne peut prélever actuellement un rein d'un cadavre si sa famille refuse, et ce, en dépit de l'aval des autorités religieuses.