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L'exécutif bricole, les caisses de l'Etat sont pillées, les
marchés flambent, les citoyens ragent, certains basculant dans l'émeute par
désespoir. Le marigot politico-partisan n'a cure de ces contingences. La seule
grande affaire qui occupe ses cercles, du moins ceux où la majorité
présidentielle s'agite et magouille, c'est le prochain renouvellement en
décembre prochain de la composante sénatoriale. Dans ce milieu, l'on est passé
de la léthargie dans laquelle il a été plongé après l'élection présidentielle
d'avril, à la fébrilité des moments de sordides tractations basées sur la vente
et l'achat des voix des uns et des autres en perspective de ce rendez-vous. Que
le pays soit en ébullition n'est pas pour inquiéter ce monde où l'ambition d'un
fauteuil sénatorial est affaire qui prime sur les états d'âme que les simples
citoyens peuvent cultiver en réaction à leur situation de laissés-pour-compte.
Même si elle n'a pas ce renouvellement sénatorial pour horizon dans son agenda, l'opposition a elle aussi d'autres fixations qui l'éloignent et la détournent des réalités qui agressent ces simples citoyens. Il y a au final que dans le pays, l'on a un tête-à-tête pouvoir-peuple sans canaux de médiation possibles et crédibles. Faut-il s'étonner alors que des tentatives de récupération des explosions de la colère populaire aient lieu ? Les partis de l'alliance présidentielle, leurs élus, tout au délice de profiter des prébendes que leur procure leur proximité d'avec le pouvoir en place et sachant le discrédit dans lequel ils sont au sein de la population, ne font même pas l'acte politique et civique minimal de tirer la sonnette d'alarme en direction des pouvoirs publics au sujet du climat lourd et délétère induit par les ratés d'une gouvernance aussi mauvaise qu'improvisée et toute en mépris à l'égard des attentes citoyennes. L'opposition, quant à elle, a déserté le terrain. Ses récriminations contre le pouvoir, quand elle en exprime, sont totalement déconnectées du vécu populaire. Aussi, ce qu'elle dit et exprime n'intéresse nullement l'opinion et n'est pas pour lui attirer la sympathie et l'adhésion populaires. Comment dans ces conditions peut-elle aspirer à constituer une alternative à ce pouvoir qu'elle est censée combattre, alors qu'elle est incapable d'avoir l'oreille du peuple dans un conteste où une véritable opposition a matière à l'obtenir ? Quoi de plus normal que des forces souterraines s'activent à combler ce vide que les partis et organisations sociales officiels ont créé par leur désintérêt des revendications populaires et leur désertion du terrain. Le pouvoir maintenant unanimement contesté, la classe politique officielle entièrement disqualifiée, la voie est propice à la manipulation qui veut pousser le mécontentement populaire dans les bras de l'extrémisme, dont on sait quels sont les objectifs et le projet de société. |
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