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Le réseau des associations des maladies chroniques a dénoncé hier, et
pour la énième fois, les pénuries fréquentes de médicaments dont la plupart
sont primordiaux pour la survie des malades. Réunis au centre de presse d'El
Moudjahid, les représentants des malades ainsi que des opérateurs en pharmacie
ont fait état de risque de rupture d'approvisionnement en médicaments qui se
profile à l'horizon, en raison des dispositions inscrites dans la loi de
finances complémentaire 2009.
Le débat hier était houleux
notamment en présence du directeur général de la PCH (pharmacie centrale des
hôpitaux), qui n'a pas cessé d'affirmer que les médicaments sont disponibles et
que le stock de sécurité existe. «Les médicaments sont disponibles», a-t-il
affirmé en insistant «même les médicaments des maladies rares sont
disponibles». Où réside donc le problème ? Le coordinateur du réseau des
associations des maladies chroniques, Bouallag Abdelhamid, a fait sa propre
analyse en évoquant un problème de dysfonctionnement dans la distribution et
l'approvisionnement notamment au niveau des hôpitaux. Il a pointé du doigt le
ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière ainsi que les services
administratifs des hôpitaux chargés du volet médicament, qui «gèrent mal» ce dossier.
«On a vu défiler plusieurs ministres dans ce secteur sans que la question de
rupture de médicaments ne soit résolue, le comble est de savoir que l'argent
est disponible». Le conférencier a affirmé qu'il y a véritablement une mauvaise
gestion au niveau des hôpitaux. «Les responsables des structures hospitalières
ne savent pas faire des prévisions correctes pour alimenter leur pharmacie. Ils
prennent du retard dans la formulation de la commande qu'ils doivent la
soumettre à la PCH, cette dernière doit faire commande à l'avance pour avoir à
la fois le médicament commandé et alimenter le stock de sécurité». Le
représentant du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière chargé de
la prévention, le Dr Ouahdi, a précisé «qu'il y a un véritable problème de
gestion dans les hôpitaux». Il poursuit «sinon comment expliquer le fait que le
CHU d'Oran manque de médicaments antituberculeux alors qu'il est disponible en
quantité suffisante dans les hôpitaux à Alger». Le représentant du ministère
est allé plus loin en affirmant que «les hôpitaux reçoivent à temps l'argent
pour l'achat des médicaments, mais on ne sait pas exactement que réservent les
hôpitaux pour l'achat des médicaments» a-t-il souligné en recommandant plus de
transparence dans la distribution du budget alloué aux hôpitaux, notamment
celui relatif à l'achat des médicaments. Le conférencier cite une anecdote: «un
gestionnaire d'un hôpital m'a demandé s'il peut acheter des voitures
utilitaires pour sa structure, alors qu'il n'avait même pas acheté une solution
hydro-alcoolique pour sa structure pour assurer un minimum d'hygiène». Bouallag
enchaîne: la gestion des hôpitaux doit être contrôlée, suivie et sanctionnée
par la tutelle et non pas par les représentants des malades ou par les malades
eux-mêmes. La représentante de l'association des cancéreux «Doha» a rappelé que
des malades meurent avant qu'ils aient commencé leur traitement au service
d'oncologie. «On leur donne des rendez?vous sur deux à trois mois en raison de
la non-disponibilité des médicaments». La représentante de l'association centre
de myopathie a confirmé pour son tour l'absence des médicaments tels que les
réactifs, le Melhylase et Imuref, des ruptures qui mettent en danger la vie des
patients. Un ancien directeur général de la pharmacie au niveau du ministère de
la Santé, M. Ouzar, affirme pour sa part: «Si on continue à placer un
médicament important chez un seul fournisseur, et si on continue à traiter le
dossier du médicament sans vision et sans stratégie pour sécuriser les circuits
des médicaments, la question de rupture des médicaments va se poursuivre pour
de longues années».