La décision du ministère de l'Education nationale de re- courir à la journée
de repos du samedi, pour dispenser les cours, risque aisément de prêter à
confusion dans l'esprit des enseignants et des élèves. Le samedi est-il une
journée de repos ou de travail pour le personnel de l'Education nationale ?
Pour les syndicats autonomes, il y a désormais nécessité d'uniformiser les
jours de repos dans le secteur. Meziane Meriane, du Syndicat national autonome
des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest), réclame
carrément une dérogation pour le retour à l'ancien week-end dans le secteur,
dans un souci de mettre fin au «cafouillage» dans les écoles.«La seule
solution pour en finir avec cette confusion est de revenir à l'ancien système
dans les établissements scolaires», estime ce syndicaliste.
Un avis partagé par de nombreux syndicalistes qui soutiennent que les
nouveaux aménagements introduits après l'instauration du week-end
semi-universel ont brouillé le fonctionnement des écoles. «Dispenser des cours
durant la journée de samedi va poser énormément de problèmes, puisque certains
enseignants devront travailler alors que d'autres seront en repos», regrette
cet enseignant. Un autre enseignant estime que cette décision du ministère ne
serait qu'une nouvelle «spoliation» des acquis du personnel enseignant. «Le
ministèreveut nous dépouiller de ce droit acquis. Avec le recours au
samedi pour dispenser les cours, nous n'aurons plus droit au week-end», lance,
amer, notre interlocuteur. Autre question soulevée par les enseignants est la
confection des emplois du temps. Le problème va se poser surtout dans les
établissements scolaires qui connaissent actuellement une surcharge dans les
classes. La tâche ne sera pas de tous repos pour les directeurs d'écoles. Pour
confectionner un nouvel emploi du temps, les chefs d'établissement doivent
faire preuve d'ingéniosité et d'adresse. «Il faut au moins15 jours pour
mettre en place un emploi du temps efficace. Dans les grands lycées, il sera
difficile pour un directeur de satisfaire tous le monde. Il y aura
inévitablement des tensions entre le personnel enseignant et l'administration»,
confie cet enseignant du lycée Mustapha Heddam (ex-Les Castors) à Oran.
L'établissement secondaire en question se trouve d'ailleurs au milieu d'un bras
de fer entre administration et enseignants sur fond de surpeuplement de
classes. Les enseignants avaient observé au cours de ce mois une grève de
quatre jours reconductible pour attirer l'attention sur «les imperfections
constatées dans le mode d'organisation et de gestion du dispositif pédagogique
installé (carte scolaire, emploi du temps, aménagement du rythme scolaire),
présentant immanquablement un risque réel pour l'école». Les grévistes avaient
exigé la «constitution d'une commission ad hoc destinée à examiner cette
situation selon des critères objectifs d'appréciation et conformément aux
normes pédagogiques reconnues unanimement». Les syndicalistes avouent,
toutefois, que cette mesure de recourir à la journée de samedi pour dispenser
les cours va alléger la pression sur le personnel enseignant et les élèves.
«Les cours serontrépartis sur 10 demi-journées ce qui va autoriser à
mieux aérer le volume horaire», conclut cet enseignant.