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Une «activité» lucrative: Des mendiants...très aisés !

par A. Mallem

Le phénomène des mendiants et des SDF ne cesse de prendre de l'ampleur dans la ville des rochers, favorisé, semble-t-il, par un manque de coordination des efforts entre les différents intervenants et l'insuffisance des moyens mis en place par les autorités locales en charge de ce secteur.

 Interrogés à ce sujet, les responsables de la direction des affaires sociales ont reconnu le fait en indiquant que «la prise en charge de ces catégorie, qui est avant tout l'apanage des communes, doit être menée de concert par tous les secteurs concernés (santé, Protection civile, sûreté, justice, Croissant-Rouge, etc.). La commission instituée dans ce cadre il y a plusieurs mois par le wali n'est pas encore opérationnelle et n'a été installée qu'au cours du mois de ramadhan, quand ce phénomène avait atteint son paroxysme», à affirmé M. Rehaïlia, chargé de la communication au sein de la DAS. «Toutefois, cet organe va se réunir incessamment pour tracer son programme d'action afin de mettre en place des structures similaires au niveau de toutes les communes», a-t-il assuré.

 Entre-temps, menant toujours les opérations sur le terrain, les responsables de la DAS viennent de lever le voile sur les nombreuses dérives que connaît le phénomène de la mendicité, devenue désormais une pratique très lucrative pour des individus et des familles sans foi ni loi. « Il faut des mesures dissuasives contre la mendicité car il y a maintenant de véritables réseaux organisés qui se livrent à cette activité qui rapporte gros».

 Selon ce responsable, l'activité sur le terrain des brigades sociales de lutte contre la mendicité a démontré que 9O% des mendiants ont des familles et des ressources.

 Citant de nombreux cas, il parlera de l'exemple de ce mendiant qui possédait des biens dans la commune du Khroub, où il se faisait construire une habitation, de cet autre chez lequel on a découvert une trentaine de millions de centimes en espèces, des familles utilisant leurs enfants dans la pratique de la mendicité sur la voie publique et qui ont été poursuivis en justice par la DAS, etc. Au mois de ramadhan dernier, il a révélé que des étudiantes de l'université, portant le niqab, ont été surprises en train de mendier à la mosquée Emir Abdelkader, ce lieu qui est considéré désormais par les mendiants comme une source de profits.

 D'autres exemples de femmes qui mendient à l'insu de leur mari, de filles à l'insu de leurs parents, de femmes qui laissent leurs enfants seuls à la maison pour sortir faire la manche, ont été cités, démontrant par là toute l'étendue de ce phénomène social.

 «Certes, précise M. Rehaïlia, en vertu d'un arrêté du wali, le mendiant peut être poursuivi en justice par la DAS qui a instruit plusieurs cas, et le code pénal par le biais de ses articles 195 et 196 prévoit jusqu'à 6 mois de prison ferme pour les auteurs. Mais une fois ramassés par les brigades et amenés à Diar Errahma, ils démontrent qu'ils ont de la famille et sont aussitôt libérés. De toute façon, de par sa vocation et sa destination, cet établissement ne peut pas les retenir et on les retrouve encore dans la rue ». Il a estimé le nombre de ces mendiants entre 9O et 12O individus, tous connus. Sur un autre plan, M. Rehaïlia affirme que Constantine ne connaît pas le phénomène des enfants abandonnés. Pour cette catégorie, il dira que la DAS a adressé une correspondance aux services de la sûreté de wilaya demandant que tout enfant de moins de 18 ans ramassé de nuit sur la voie publique soit conduit immédiatement dans l'un des centres d'accueil de l'enfance placés sous son autorité. Il conclura en indiquant qu'à Constantine, le nombre des SDF est insignifiant et le situe entre 2O et 35 individus, qui demandent à être pris en charge dans des établissements spécifiques.