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L'état de dégradation très avancé, voire de
plus en plus inquiétant des terres pastorales et forestières en milieu
steppique a de tout temps été au centre des préoccupations des pouvoirs
publics. Mais l'homme s'est trouvé presque impuissant face aux furies de la
nature. L'érosion, l'avancée du sable, la sécheresse, le déboisement... sont
autant de facteurs qui ont contribué à la désertification. Certes, des
entreprises colossales ont été mises en oeuvre depuis plusieurs décennies, tels
le Barrage vert et la mise en dépens des terres. C'est bien mais c'est peu,
compte tenu de l'étendue des dégâts occasionnés par les forces de la nature.
Les hautes plaines alfatières ont disparu à jamais du paysage. L'exploitation
outrageuse de cette espèce fourragère sauvage a été à l'origine de grosses
fortunes durant la colonisation. La preuve, une maison cantonnière située sur
la RN 6A, entre Bougtoub et El-Bayadh, porte encore le nom d'Alfaville.
C'est en ces lieux qu'était emmagasinée toute la production alfatière de l'ex-Geryville destinée à être exportée vers la France et l'Angleterre à des fins industrielles. Des espèces fourragères et animales se sont éteintes pour l'éternité, d'autres sont menacées d'extinction. Affaiblies et squelettiques, certaines d'entre elles arrivent bon mal an à se reconstituer. L'exemple de la disparition du mouflon et de l'hyène, qui trônaient sur les flancs des monts des Ksour il y a de cela quelques décennies seulement, est éloquent. Que dire alors de la reconstitution des espèces végétales dont nul ne se préoccupait auparavant. Et c'est justement à ce titre qu'un centre de développement des ressources biologiques steppiques et pré-sahariennes a vu le jour ces derniers temps au lieudit «Laguermi» pour les nostalgiques des hauts-plateaux, à quelques encablures seulement du chef-lieu de la wilaya d'El-Bayadh. Il s'agit de l'unique en son genre implanté dans tout l'ouest du pays. Il était temps ! Une enveloppe financière d'un montant de 9 milliards de centimes lui a été allouée au titre du Fonds spécial de développement du Sud. Il a pour vocation essentielle, selon le directeur de l'environnement de la wilaya d'El-Bayadh, le sauvetage de la flore et de la faune locales sérieusement menacées d'extinction. Un site de résurrection des espèces, si l'on ose dire. D'une superficie globale de 16,5 hectares, dont 6.000 mètres carrés d'espaces couverts, ce centre aura également pour mission de s'atteler à la recherche et à la mise en application d'une stratégie pratique à court ou moyen terme pour la préservation et la promotion des espèces végétales, telles l'alfa et le thym, entre autres, et animales comme la gazelle et l'outarde, dans une première phase. Dans la suivante, la réintroduction du mouflon, du ganga et de certaines gallinacées est prévue. Il est pourvu d'équipements adéquats, d'ateliers pour la reproduction et la multiplication des mammifères, ainsi que d'un atelier de recherche et de conservation, d'un laboratoire, d'un dispensaire vétérinaire et enfin d'une salle de taxidermie. Selon notre interlocuteur, l'exploitation du site est programmée dans les tout prochains mois. Que nos chercheurs en ressources biologistes et nos botanistes se retroussent les manches et prennent leurs éprouvettes ! Une poignée d'ingénieurs en agronomie est déjà sur les lieux. |
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