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La
tripartite n'est belle que si elle fonctionne. A défaut, elle se déprécie en rencontre
de routine destinée à avaliser ce qui a été déjà décidé par le gouvernement.
Comme s'il s'agissait d'offrir l'image du dialogue à la place du dialogue.
L'utilité politique de la tripartite n'est en tout cas guère évidente.
La représentation unique du monde du travail par l'UGTA est une fiction qui ne dupe personne. En tout cas pas les travailleurs. Au demeurant, l'Algérie continue de cultiver la grande bizarrerie d'avoir un patronat représenté par plusieurs organisations et des travailleurs représentés de manière contrainte par la seule UGTA. Mais cette représentation «multiple» du patronat ne l'élève pas forcément au rang de partenaire. Les patrons seront, bien entendu, directement concernés par une éventuelle augmentation du salaire minimum garanti et ils devront en assumer la charge. C'est une participation formelle. L'Etat, étant le principal employeur, veillera à ce qu'une augmentation du SNMG ne soit pas trop élevée. On sait les raisons «politiques» qui font que le gouvernement continue d'instituer l'UGTA unique représentant des travailleurs. La «sagesse» et la «responsabilité» de l'UGTA sont clairement préférées à la turbulence, voire à la «subversion» des syndicats autonomes. Les organisations patronales - dont la multiplicité par rapport à l'épaisseur sociale de la catégorie sociale concernée laisse songeur - ne sont pas mieux loties. Une partie au moins de ces organisations patronales n'a pas apprécié les derniers ajustements contenus dans la loi de finances complémentaire. Certains l'ont dit de manière fort bruyante. Théoriquement, la tripartite est le lieu indiqué pour soulever les questions et exprimer les préoccupations du patronat. Quel meilleur lieu pour discuter de la politique économique du pays que la tripartite, où les principaux acteurs de la vie économique sont présents. Sauf que les choses ne se passent pas ainsi. Il est hautement improbable que les organisations patronales puissent changer d'un iota l'ordre du jour «préfixé» par le gouvernement. C'est qu'on est dans un système où la forme prime sur le fond. Les patrons, comme l'UGTA, sont dans la tripartite pour jouer la partition formelle du dialogue. Et comme le capitalisme algérien reste particulièrement dépendant de l'Etat, ces organisations patronales ne peuvent même pas y déroger. Le message froid contenu dans les mesures décidées par le gouvernement dans le cadre de la LFC 2009 est que l'Etat, en dépit du «marché», décide encore de la fortune et des infortunes des gens. La précarité de l'entreprise est absolue et les patrons ne peuvent qu'en tenir compte et s'aligner. Il ne manque déjà pas d'exemples d'entreprises algériennes qui semblaient avoir atteint le firmament, avant de rechuter brutalement. Et la politique n'a été absente ni de leur fulgurante ascension, ni de leur chute abyssale. Une tripartite ne peut être «belle» dans un tel système. Elle est juste un lieu obligatoire. |
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