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Si la culture du
tri des déchets ménagers reste encore une inconnue chez nous, des personnes,
pour des besoins purement financiers, s'en chargent volontiers. On les appelle
les fouilleurs de poubelles. Ils opèrent surtout la nuit et tôt le matin, et
sont spécialisés soit dans le plastique ou le carton. Grands sacs à la main,
ils passent au crible tous les sachets à ordures déposés par les riverains et
récupèrent des ustensiles en plastique, des bouteilles d'eau minérales ou
gazeuse et autres objets hétéroclites en plastique. Ils sont parfois deux ou
trois qui se partagent un quartier comme c'est le cas de ce couple qui, pour
arrondir leur fin de mois, ont trouvé dans cette activité un intérêt. «15 dinars
le kilo et on arrive à faire jusqu'à 30 kilos en une seule nuit», nous avance
ce retraité qui, à temps perdu, arrive en compagnie de sa femme à gagner
jusqu'à 500 dinars par jour «exonérés d'impôts». Il suffit juste de se
décomplexer et dire que c'est un travail comme tous les autres et ne pas se
sentir diminués, et au lieu d'aller récupérer des patates ou des légumes
pourris aux alentours des marchés en s'exposant à multiples risques, nous
préférons gagner notre vie «dignement» et une personne viendra le lendemain
muni d'une balance à l'intérieur de son fourgon récupérer la marchandise en
vous payant cash. Ce dernier acheminera sa marchandise, nous explique notre
interlocuteur, dans une usine de transformation de plastique, dont le patron
est sûrement gagnant car la matière première n'est pas imposable et puis les
produits qu'il fabriquera, et ce n'est pas la demande qui manque, peuvent être
écoulés sous la table.
Une aubaine pour plusieurs familles qui se sont spécialisées dans ce créneau et ont même délimité leur territoire et activité dans la «spécialité plastique». Le second produit de récupération prisé est le carton. Mais à la différence du premier, les récupérateurs font leur exploration à bord de petits véhicules ou même des charrettes et ce pour rafler le maximum. Cinq (05) dinars le kilo, tel est le prix qui leur est proposé avec, cependant, livraison à domicile c'est-à-dire à l'usine. Fethi et son associé Houari ont commencé cette activité depuis deux années sur une charrette et s'occupent de 3 quartiers à grande vocation commerciale de la ville d'Oran. Et pour récupérer le maximum de carton, ils ont proposé à leur client exclusif de leur faire une avance pour acheter une petite fourgonnette leur permettant d'aller plus vite et de faire le plein. Houari et Fethi sont satisfaits, surtout après avoir payé la totalité de leurs dettes. Sans déranger le voisinage, ces récupérateurs d'un nouveau genre rendent un immense service aux services communaux chargés de la collecte et qui sont visiblement dépassés par la quantité de déchets à prélever chaque jour, surtout que le traitement des déchets n'est pas assuré par les services de la commune. Le seul produit qui n'est pas encore récupéré actuellement est le verre et la tentative de l'entreprise Alver d'installer, il y a de cela quelques années, de grandes poubelles à certains endroits de la ville a été un échec. Par manque de civisme et au lieu de jeter les restes de verre, elles se sont transformées en quelque temps en véritables dépotoirs. Or, la récupération peut faire gagner au pays des millions d'euros si des efforts sont consentis pour développer une activité en sous-traitance. A titre d'exemple, en France, 95 % du verre produit provient du recyclage. Pourtant, que de thèses de magister et de doctorat ont été réalisées à ce sujet, aussi bien dans le pays qu'à l'étranger par des chercheurs algériens donnant toutes les solutions possibles, ainsi que plusieurs variantes. Tous ces efforts n'ont servi à rien si ce n'est de garnir certaines bibliothèques universitaires. |
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