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A l'instar d'autres acquisitions en termes
d'infrastructures culturelles et de réhabilitation réussie comme celle du
centre culturel communal Benghazi Cheikh, à sa tête, M. Benouis, c'est le
conservatoire communal situé dans la bâtisse du beau théâtre qui connaît ces
jours une troisième vie de par les travaux visant sa réhabilitation pour le
bien de ses centaines de disciples. Une première vie pendant la colonisation,
une deuxième après l'indépendance et une troisième ces jours-ci. C'est un
effort supplémentaire qui est déployé pour entretenir un monument de la culture
qui possède toute une histoire, indique notre source, et qui est bien conservé
dans les archives de cette institution, fierté de la ville qui a produit des
dizaines de talents. Le conservatoire municipal de Sidi Bel-Abbès était, durant
l'époque coloniale, volontiers bourgeois, ou du moins, aspirant à mimer les
villes bourgeoises de France. Comme les gros bourgs du midi de la France, la
ville de Sidi Bel-Abbès s'est très tôt dotée d'une place centrale agrémentée de
très beaux arbres et de l'incontournable kiosque à musique, chichement
architecturé. Elle est traversée par de grandes et belles avenues tracées en
damier et bien entretenues. Elle s'»est dotée de tous les symboles de la
colonisation triomphante, la mairie, l'église, l'école laïque et, dans les
années trente, elle s'est dotée d'un théâtre comme en revâit la bourgeoisie
locale en mal de snobisme, un monument à l'élégante architecture avec ses
décors de marbres, ses fresques baroques, ses corbeilles et son velours,
indique notre source. Avec son théâtre, le plus beau théâtre d'Afrique du Nord,
frimait la brourgeoisie locale, la ville se dota également d'un conservatoire municipal
qui avait pour rôle dans ce Sidi Bel-Abbès bourgeois des années 20, 30,
d'initier la jeunesse coloniale aux Beaux-arts, à la danse dramatique etc. De
ce fait, les jeunes y apprenaient la déclamation et l'art dramatique, et se
familiarisaient avec les classiques. Ils montaient aussi des pièces et
adaptaient, entre autres classiques, le Cid de Corneille, des comédies etc...»,
indique notre source. Mais ce que les générations actuelles doivent savoir
surtout c'est que «les indigènes» étaient indésirables même à proximité du
conservatoire ! On appelait «indigènes» nos frères algériens sous la
colonisation française. Bien sûr, les indigènes étaient algériens sous la
colonisation française. Bien sûr, les «indigènes» étaient exclus de la ville
coloniale et privés de toutes ces commodités, car le Sidi Bel-Abbès colonial
était une ville duelle, au cloisonnement ethnique et raciale qui caractérisait
la société coloniale. Cantonnés dans l'ex-village nègre, les Algériens, ceux
qu'on désignait alors sous l'appellation méprisante d'indigènes, tentaient tant
bien que mal de perpétuer leurs traditions culturelles et leur attachement à
l'Islam.
Bien mis à mal par la dépossession coloniale, le théâtre et le conservatoire, ils en étaient donc exclus. Feu Mahieddine Bachtarzi, qui connaît bien Sidi Bel-Abbès, parle dans ses mémoires de cette discimination dont faisaient l'objet les troupes culturelles indigènes. Un document d'archives, conservé par l'administration du conservatoire, révèle qu'il arrivait aux indigènes de n'être pas tolérés même dans le voisinage du conservatoire. Une lettre datée du 10 avril 1943 signale que «suite à une plainte du directeur du Conservatoire, le maire de la ville a donné ordre pour empêcher les indigènes de stationner contre le mur de l'école, étant pouilleux et porteurs de maladie». Notre source indiquera par ailleurs que Mr René Justrabo, le maire communiste, ouvrit les portes du conservatoire aux indigènes et ceci fut possible avec l'avènement de la gauche avec Mr René Justrabo (1948-1953). L'administration du conservatoire a été invitée à ouvrir les portes de cette institution aux jeunes indigènes, c'est ainsi que le 12 octobre 1948, le président du Conservatoire, Legrand, répondait à la demande de M.Bentabet Djelloul en ces termes : «comme suite à vos propositions de l'an dernier, je vous demande de bien vouloir être l'interprète du Conseil d'administration du conservatoire auprès de vos collègues musulmans, afin qu'ils fassent un effort de propagande en milieu musulman». Mais la masse des musulmans avait alors des préoccupations plus urgentes. Des associations culturelles indigènes purent cependant bénéficier des services du conservatoire. On trouve dans les archives du conservatoire des traces du passage de la société artistique et musicale El-Amal, à l'époque domiciliée 13, rue du Soudan, et dirigée par Bestaoui Djillali (document daté du 23 décembre 1949). Cette société avait été crééE par les militants de l'UDMA dont Abdelkader Azza et des militants du MTLD. Ainsi, à travers les archives de ce conservatoire, bien d'autres éléments selon notre source versée dans la recherche historique mériteraient d'être cités, hélas, on ne peut tous les ranger. |
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