La circulation automobile était, hier absolument démentielle dans et
autour de Constantine. C'était le deuxième jour de l'Aïd El-Fitr, et
probablement tout le monde voulait se rendre chez des parents pour les voeux
traditionnels, car, dit-on, au premier jour, les déplacements sont fatigants.
La circulation était relativement fluide jusqu'à 10 heures environ, mais à
partir de cette heure les choses ont commencé à se corser. L'entrée de la ville
par la route de la corniche constituait un véritable calvaire pour les
automobilistes, la file de voitures s'étendant de l'entrée de la cité jusqu'à
Békira, soit sur quatre kilomètres environ. L'embouteillage avait pour origine
le fameux carrefour de Bab El-Kantara, qui était tout simplement paralysé.
Outre un bus qui s'y était immobilisé pour avoir perdu ses roues arrière,
bloquant ainsi l'un de ses accès, ce carrefour est aussi le point de
convergence des avenues Zaâmouche et de Roumanie, toutes deux à double sens, de
la rue Larbi Ben M'hidi, des cités Emir Abdelkader et Loucif, et enfin l'accès
vers la nationale 3 (route de la corniche). A cet endroit, plus d'une centaine
de voitures, de bus et de camions, se sont retrouvés pare-choc contre pare-choc
ou nez à nez, avec impossibilité de circuler. Et comme l'espace est assez
réduit, les deux côtés de la chaussée servant de stations de bus, toute
circulation est presque devenue une gageure.
Les policiers en faction dans ce carrefour étaient dépassés par
l'indiscipline des conducteurs qui voulaient tous passer l'un avant l'autre. Il
fallait donc beaucoup de patience et de temps pour franchir les lieux, ceci en
faisant aussi un grand détour pour contourner le bus qui a perdu ses roues. Des
automobilistes connaissant d'autres accès en ville et qui ont tenté de s'y
rendre par la double voie Hamma Bouziane, Aouinet El-Foul, en empruntant la
longue avenue du 20 Août 55, se sont lourdement trompés: il y avait des
voitures qui s'entassaient sur trois et quatre files, avançant mètre par mètre,
au pas d'homme, afin d'arriver à la place de la Révolution. Mais comme
celle-ci, qui d'ailleurs est également un carrefour névralgique du centre-ville
était elle-même paralysée, il a fallu près d'une heure aux automobilistes pour
parcourir les quelques deux kilomètres en rampe très prononcée de cette avenue.
Ensuite il fallait beaucoup de patience pour faire le rond-point et se diriger
vers la place de la Brèche. «C'est une journée mémorable», ont dit des
conducteurs dont certains cherchaient un coin pour se garer et abandonner la
voiture pour plus tard, en précisant que toutes les pénétrantes étaient
également paralysées, à l'exemple de l'autoroute Boussouf, où la circulation
était aussi bloquée.