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Moscou: Enquête pour escroquerie sur les Mig refusés par l'Algérie

par M. S.

Il n'y avait pas de fumée sans feu. Les Mig29 renvoyés par l'Algérie à la Russie en raison de leur mauvaise qualité, cela n'était pas une pure invention. Une affaire instruite par le parquet de Moscou révèle qu'une société russe a livré au constructeur Mig des vieilles pièces détachées présentées comme neuves. Ce sont des avions destinés à une entreprise privée polonaise et à l'Algérie qui auraient été ainsi équipés de vieilles pièces détachées.

 Une partie de la presse russe avait choisi de politiser la décision algérienne de renvoyer les Mig pour cause de qualité insuffisante. Ces journaux et des analystes russes ont soutenu que la décision algérienne n'avait rien à avoir avec la qualité des avions mais qu'elle était motivée politiquement. Certaines assertions faisaient état de pressions extérieures, principalement françaises.

 Il sera bien difficile aux journaux russes de continuer à le soutenir après la décision, annoncée hier par le parquet de Moscou, de poursuivre l'entreprise russe AviaRemSnab pour avoir livré des pièces détachées usagées à l'Algérie pour des avions de chasse Mig. On est bien dans une affaire russe avec course au gain facile dont les conséquences se sont avérées fâcheuses et coûteuses.

 Le patron d'AviaRemSnab, Musail Ismailov, et son adjoint Alexander Kutumov sont déjà en prison pour usage de faux certificats pour des pièces détachées obsolètes et vendues comme étant des neuves à l'entreprise Mig. Les deux compères ont été condamnés en mai dernier pour des faits similaires. Il s'agit de livraison de Mig destinés à une entreprise privée polonaise, Polit-Elektronik. Musail Ismailov et son adjoint Alexander Kutumova ont écopé de cinq ans de prison.

 L'entreprise a donc usé de pièces détachées obsolètes également pour le contrat de livraison de chasseurs Mig29 à l'Algérie. Le communiqué du parquet de Moscou rappelle que la « compagnie d'Etat Mig a conclu en janvier 2006 un contrat pour la livraison à l'Algérie d'avions et de pièces détachées ». Dans le cadre de ce contrat, la société ATK AviaRemSnab avait été chargée par Mig de fournir des pièces détachées pour un montant de 14,315 millions de dollars. ATK AviaRemSnab a même reçu pour cela un acompte de 45 millions de roubles, soit 1,7 million de dollars. Elle devait livrer des composants nouvellement fabriqués, c'est-à-dire entre 2005-2006. Mais ATK AviaRemSnab a décidé de recourir à des vieux stocks fabriqués entre 1982 et 1990 en les dotant de certificats falsifiés. Le communiqué du parquet de Moscou souligne qu'ATK AviaRemSnab « a fourni des pièces vétustes ou déjà utilisées, fabriquées dans les années 80-90, tout en les présentant comme neuves dans les documents joints ». Le parquet a donc décidé d'ouvrir une enquête pour escroquerie.

 Selon Kommersant, la fraude a été découverte avant que les composants eurent été installés sur les avions. Est-ce une manière de dire que les Mig renvoyés par l'Algérie ne comportaient pas de pièces détachées dépassées ? Le fait que la Russie ait accepté de reprendre les Mig litigieux laisse entendre qu'ils n'étaient pas aussi clean que l'on veut bien l'entendre. A suivre...