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Un tabou brisé ?

par K. Selim

L'opinion internationale, en dépit d'un matraquage incessant des centres médiatiques dominants, semble de moins en moins favorablement disposée à l'endroit d'Israël. L'opération «plomb durci» contre la ville assiégée de Ghaza en décembre 2008 avait suscité une vague d'indignation qui ne semble pas retomber. Les appels au boycott se multiplient, tout comme les initiatives internationales qui relaient les luttes des Palestiniens.

 Ainsi, la campagne BDS (boycott, désinvestissement, sanction) lancée par des organisations palestiniennes a trouvé une première traduction concrète : la Norvège a annoncé son retrait du capital d'une entreprise israélienne qui équipe le mur de séparation. La poursuite de la colonisation en Cisjordanie, au mépris de toutes les règles de droit et de la morale la plus élémentaire, par le gouvernement de Tel-Aviv renforce la détermination des opposants à la politique de force. Le mépris affiché pour le droit et la stratégie du fait accompli, longtemps entérinés sans réserve par les Occidentaux, commence à saper le soutien systématique dont les Israéliens ont bénéficié au nom de la culpabilité de la Civilisation pour le génocide des juifs européens. La demande réitérée de l'administration Obama de mettre un terme aux implantations de colons est révélatrice d'un climat modifié. Même l'allié le plus puissant et le plus soumis de l'Etat d'Israël est contraint de s'écarter de la ligne de soutien systématique, active ou muette, observée depuis des décennies.

 Les défenseurs du droit des Palestiniens à vivre dignement dans un Etat au plein sens du terme relancent le débat sur des sanctions officielles, à l'instar de celles imposées à l'Afrique du Sud au temps de l'apartheid. Le débat sur les sanctions a peu de chance de trouver un écho au Conseil de sécurité, où les alliés de la cause sioniste, américains en tête, disposent du droit de veto.

 Mais un tabou est brisé. Israël n'est plus intouchable. Le rapport Goldstone met en cause gravement le gouvernement et l'armée sionistes qu'il accuse de crimes de guerre, voire de crimes contre l'humanité. La voie est pavée pour une action de la Cour pénale internationale, pour autant que son procureur, Luis-Moreno Ocampo, mette autant de zèle à poursuivre les criminels israéliens qu'à incriminer le chef de l'Etat soudanais.

 C'est dans ce contexte que Turki Al Faisal, ancien chef des renseignements saoudiens et ancien ambassadeur à Washington, publie une tribune dans le New York Times où il réaffirme clairement les conditions de Ryad à la pleine reconnaissance d'Israël. Le frère du ministre des Affaires étrangères saoudien est un homme du sérail au plein sens du terme et ses déclarations engagent la monarchie pétrolière. Turki Al Faisal précise qu'Israël, qui n'a jamais pris en considération les offres arabes de paix globale, doit arrêter la colonisation de la Cisjordanie, rapatrier les colons installés, restituer Jérusalem-Est et les autres territoires occupés depuis juin 1967.

 Faisant état des pressions exercées sur l'Arabie Saoudite, notamment l'idée d'un voyage «à la Sadate» du roi Abdallah, le responsable saoudien rappelle que la visite à Tel-Aviv du président égyptien avait été précédée par l'acceptation du retrait intégral du Sinaï occupé par l'armée israélienne. La paix contre la terre, même les Saoudiens ne peuvent accepter moins...