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Une déferlante, probablement non encore égalée, sévit ces deux derniers
jours sur la ville de Constantine où, dans un «désordre parfait» hommes,
femmes, enfants et vieillards se sont donnés le mot pour «envahir» la ville.
Les habitants des localités voisines du chef-lieu de wilaya sont là en conquérants. Ils seront pendant quelques heures, les maîtres de la cité avant de reprendre le chemin inverse une fois achevées toutes leurs emplettes. A moins d'une semaine de la fin du Ramadan, et alors que les problèmes financiers de la rentrée scolaire ne sont pas encore réglés, revoilà les pères de famille de nouveau sur la brèche avec, en toile de fond, l'Aïd qui se profile et tout ce qu'il comporte comme nécessités et ou comme caprices. Les nécessités ce sont les habits et les souliers pour les enfants mais également pour les adultes qui ne veulent pas rester en marge quel qu'en sera le coût à payer. A ce sujet, il s'impose de s'arrêter sur la folie des prix qui s'est emparée de la majeure partie de ces magasins spécialisés. A titre d'exemple, signalons le prix d'une robe pour fillettes de trois ans et qui oscille entre deux et trois mille dinars ! Robes, jupes, jeans pour gamins de douze à quinze ans, souliers de ville, trainings ou espadrilles de qualité médiocre, tout dépasse les trois mille dinars alors que certains articles de qualité supérieure et importés affirment les commerçants, sont proposés à des prix qui avoisinent le million de centimes. Tous ces produits à majorité asiatiques ou turques, ont submergé le marché ne laissant que très peu d'espace à la confection locale qui marque le pas, boudée par l'acheteur qui recherche le « Made In » faussement signalé par des étiquettes trompeuses. Tout ce beau monde se bouscule au portillon et, dès neuf heures du matin, c'est un véritable raz de marée qui déferle sur la ville. A Bab El-Kantara, du coté de la gare ferroviaire, des stations de bus et taxis déversent sans relâche des milliers de passagers qui arrivent de Békira, Hamma Bouziane, Zighoud Youssef et Didouche Mourad. Une marée humaine de gens qui se bousculent à chaque endroit à chaque espace où le moindre produit est proposé à la vente. La même hystérie caractérise depuis près d'une semaine toutes les entrées principales de la ville aussi bien du côté des gares routières que des axes secondaires. De Aïn Smara, des nouvelles villes Ali Mendjeli et Massinissa, de la ville voisine d'El-Khroub, de Aïn Abid, de Boudjeriou ou de Ibn Ziad, des dizaines de bus de taxis officiels ou clandestins déversent par vagues des familles entières. Ces dernières ont effectué le voyage pour acheter des habits mais également des produits de consommation pour la préparation des confiseries de la fête. Farine, miel, amandes, noix, chocolats, beurre, cacao sont raflés par ces clients qui, en moins d'une heure, ont investi tous les marchés de la ville. Dans ces conditions, inutile de s'aventurer du côté de la vieille ville. Souika saturée n'a plus la capacité de recevoir ses hôtes. Constantine qui comptait 500.000 habitants à six heures du matin comptera au moins le double sinon le triple à midi. |
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