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Une belle tamra

par El-Guellil

Cette année, les dattes feront date. Jamais, de mémoire d'Algérien démocratisé bessif popularisé belbounia, le fruit du palmier n'a été aussi cher. Bof, c'est quoi les dattes ? Il n'y a qu'à ne pas en manger et c'est tout. Une sounna de moins grâce aux exportateurs qui l'envoient là-bas pour changer de nationalité et devenir tunisienne. Bref, la farce du makrout ne sera pas à la portée des petites bourses.

 Après la flambée des prix qui, comme un rouleau compresseur, nous a écrasés pendant ces deux semaines, bientôt voilà le rouleau à tarte qui passe à l'action. Les maris n'ont qu'à bien se tenir. Au temps des gâteaux, faut pas oublier que les jambes permettent aux hommes de fuir et aux femmes de faire leur chemin. On s'aide, on va chez l'une et chez l'autre et, tout en préparant les sucreries qui doivent célébrer la fin du jeûne, on papote, on se laisse aller à quelques médisances. Tout est passé en revue. Le divorce de la voisine qui n'a pas pu supporter la belle-mère, l'autre qu'on pense trop libre pour être honnête, le jeune du rez-de-chaussée qui est le premier à la mosquée pendant le ramadan alors que, toute l'année, c'est «zid serbi ya hbibi».

 Au fait, ce sont les retrouvailles avec notre réelle nature pétrie dans des lieux de la khalota. Bref, sidna ramadan permet les retrouvailles avec la vanille, la vanité et la bêtise.

 - Ha lizipocrites, disait ma mère grand, comment qu'ils expliqueront ça à Moulana ?

 Certaines femmes gardent le secret de leurs recettes - c'est la concurrence bla fayda -. Elles ruinent leur mari : louz, pistaches et j'en passe, qui, pour oublier, prend ses distances avec le foyer. Et comme se marier, c'est partager à deux les problèmes que l'on n'aurait pas eu tout seul... Les enfants. Il faut les habiller de neuf pour épater le voisinage. Quels gâchis !