|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
«Le cri du pauvre
monte jusqu'à Dieu mais il n'arrive pas à l'oreille de l'homme». Lamennais
« Le patriotisme économique» remis au goût du jour, et surtout provisoirement, d'abord par l'Amérique suivie par l'Europe qui ont à coeur la sauvegarde sur le court terme et ensuite la protection et l'expansion du capitalisme, de la libre entreprise, d'un mode de vie et d'un projet de société, a fait des émules. Devant l'ampleur d'une crise à tiroirs décrite par de nombreux responsables algériens comme un simple nuage qui passerait rapidement sur nos têtes, les dirigeants des plus grandes puissances, légitimés par des scrutins non contestés (de la mairie à la magistrature suprême) ont sauvé des banques et des entreprises privées à travers une série de mécanismes plus ou moins rapidement, et sous conditions, mis en branle, en introduisant une dose de morale dans le système financier et en exigeant de tous les autres pays d'en faire autant (introduire de la morale et de la transparence). Très vite, des banques américaines ont tenu à rembourser le Trésor américain en le remerciant beaucoup, tout en estimant que leur indépendance vis-à-vis du gouvernement fédéral n'avait pas de prix et qu'elle était un des fondements majeurs du système américain. Par conséquent, tout ce qui est bon pour les banques est bon pour les USA. Patriotes, oui, mais surtout libres, estiment les actionnaires dans ce grand pays, tout jeune mais où la liberté et l'indépendance valent certes leur pesant de pauvres (ils ont des pauvres et le disent), d'inégalités, en faisant de leur pays le premier de la planète. Nationalisé, l'argument patriotique l'a été en Algérie avec la crise. Mais la crise a été un prétexte en or pour raviver le concept qui relève de l'espéranto ou du morse pour de très larges secteurs de la jeunesse qui ne croit plus qu'en ce qu'elle touche comme le saint de la Bible plutôt réaliste. Au niveau des banques publiques en Algérie, faire du patriotisme peut être un exercice extrêmement porteur et surtout mobilisateur, sous conditions là aussi. Avec beaucoup de liquidités, les banques ne jouent pas leur rôle, disent des experts nationaux compétents, indiscutables dans le monde mais n'ayant aucune oreille officielle. Les banques ne sont pas libres. Si elles l'étaient, les conseils d'administration, composés sûrement de patriotes BCBG, rendraient publics les noms des personnes morales et physiques qui ont d'énormes ardoises auprès de ces banques qui ont permis, sur des injonctions d'en haut, à certains de devenir très vite, trop vite des milliardaires toujours endettés auprès des banques. Quelques scandales, petite écume en surface, portés à la connaissance de l'opinion publique, qui ne compte pas pour autant, ne peuvent faire oublier les gros squales qui ont bénéficié d'emprunts dont rêveraient des entrepreneurs américains ou européens, jeunes, en bonne santé, diplômés, inventifs, performants, etc. Le patriotisme devant la crise, qui touche tous les pays, le prix des hydrocarbures, des matières premières, les produits alimentaires, l'emploi et le niveau de vie a fédéré les gouvernants occidentaux autour des capitaux déposés dans des paradis fiscaux et de petits pays peu regardants sur l'origine de l'argent. Ces paradis sont connus et pratiqués depuis longtemps par des dirigeants algériens. Le fameux «trésor» du FLN n'était-il pas déposé en Suisse ? Les gouvernants du pays, du moins certains savent qui a pris de l'argent dans des banques publiques. Certains savent aussi qu'il y a des fonds qui appartenaient aux Algériens mais qui ont été déposés à l'étranger. Le patriotisme basique, comme l'ont fait les Américains et les Européens, serait de demander les listes des dépositaires nationaux qui ont sorti ces fonds et exiger des indus riches de rapatrier l'argent. Par patriotisme s'ils veulent bien. A d'autres, il sera demandé de rembourser les banques, de payer les arriérés aux imprimeries publiques, de payer l'impôt, les cotisations sociales. A d'autres, il sera demandé, par patriotisme, de déclarer selon la loi leur patrimoine... A d'autres qui dirigent, on leur demande par patriotisme d'avoir une vraie bonne idée pour mettre à nu la marche ou plutôt la colonisation rampante des islamistes, pour assurer une vraie scolarité de qualité aux enseignants et aux élèves. Cependant, il y a divers patriotismes à l'oeuvre comme il y a désormais un week-end décliné dans l'anarchie, l'improvisation qui fait que des journaux sortent selon le bon vouloir du gouvernement à travers ses imprimeries qui ferment cependant les yeux sur des ardoises gigantesques. Par patriotisme sans doute ! L'extrême-gauche et des courants islamistes se mettent aussi au patriotisme économique. Ces derniers, ce qui est un secret de polichinelle, adorent ce patriotisme rentable pour eux au niveau du bazar hégémonique sur le commerce intérieur, à l'abri du fisc et de la facturation, et, sur un autre plan, celui du contrôle et la surveillance des consciences. Aux dernières nouvelles, les copieurs du patriotisme économique inventé par l'Occident pour la durée de la crise vont rendre public un plan patriotique d'envergure. Dans ce qui a filtré, ce plan consiste, dès la semaine prochaine, à mettre en route les mécanismes pour développer massivement la production (y compris d'allumettes qui ne seront plus importées, tout comme les pétards qui ne seront pas entendus les prochains aïds) et l'agriculture nationales. Les paiements électroniques et par chèque seront tout aussi massivement généralisés et acceptés, à commencer par les entreprises privées/publiques. Les universités, dès la rentrée 2010, changent du tout au tout. Elles deviendront des pôles d'excellence en Méditerranée, courues contre paiement par des étudiants du monde entier. Les transports collectifs (route, air, rail, mer, taxis) subiront une révolution: propres, ponctuels selon des horaires affichés, avec des arrêts réglementés, des abris, des toilettes, des kiosques ouverts le vendredi. Dans les écoles, il y aura systématiquement chauffage et climatisation, etc. Il n'y a pas à redire, le patriotisme, c'est bien ! |
|