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Le marché du pain dans tous ses états

par A. Mallem

Le pain à Constantine pose toujours problème en ce mois du Ramadan et l'Union des commerçants pointe du doigt à la fois la passivité des citoyens et l'absence de tout contrôle des services concernés, et ce tout en dénonçant les agissements de «quelques brebis galeuses», en l'occurrence des boulangers «arrivistes», membres ou non du syndicat, et des ateliers clandestins qui «suscitent et encouragent le marché informel du pain».

 Mais le problème du contrôle reste posé, dit le bureau de l'UGCAA. Aussi, ce qui dérange et exaspère les boulangers honnêtes est cette frange de vendeurs à la sauvette installés sur les trottoirs de la ville, ne respectant aucune règle d'hygiène, encore moins le prix du pain subventionné par l'Etat. «Tout cela par la faute de quelques arrivistes et de boulangers réguliers qui se rendent complices des tenants du marché informel», se sont indignés quelques boulangers du centre-ville.

 De son côté, M. Amar Boutamine, secrétaire général de l'UGCAA de Constantine et boulanger lui-même, se demande « comment ces confrères inconscients s'en sortent en cédant la baguette aux vendeurs à la sauvette pour 6,5O dinars. Ces derniers exercent le commerce informel du pain dans l'impunité totale et souvent aux abords mêmes des dépotoirs publics et des rigoles d'eau et d'égouts. Malgré cela, déplore ce responsable, le citoyen ne s'en formalise pas et préfère s'approvisionner chez le marchand informel au prix de 1O dinars la baguette. Selon les chiffres donnés par lui, « Constantine consomme journellement 2.5OO quintaux de farine et 1.5OO quintaux de semoule pour une production de 100.000 baguettes de pain environ, cela sans compter le marché parallèle. Les deux tiers de la production connue sont destinés aux administrations du secteur étatique (université, hôpital, administration pénitentiaire, etc.) et le reste est mis sur le marché.

 «Je doute que l'on puisse arriver à éradiquer le phénomène», avoue à la fin le responsable du syndicat des commerçants. Ce disant, il reconnaît implicitement la nécessité d'amener les services de la DCP à exercer leur contrôle sur le marché noir du pain et de la pâtisserie, qui a connu une explosion durant ce mois de Ramadan, pénalisant fortement les professionnels réguliers qui ont pignon sur rue, lesquels par ailleurs se sont plaints des harcèlements continuels des services de contrôle qui ont amené plusieurs d'entre eux, notamment les pâtissiers, à être verbalisés tandis que d'autres, las, ont préféré fermer boutique.

 Questionné sur le sujet, M. Ammoura, chef de service par intérim du contrôle du prix et de la concurrence à la DCP, nous répond que le contrôle de ce genre d'activité relève normalement des services de l'ordre. Néanmoins et avec l'assistance de ces derniers, ses services ont déclenché dernièrement plusieurs opérations de contrôle sur des sites connus dans les quartiers de Sidi-Bouanaba, Bab-El-Kantara et Daksi et ont procédé à la saisie de grandes quantités de pain vendu sur la voie publique, remis aux organismes tels que le Croissant-Rouge ou les centres d'accueil.