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Au vu des conditions de vie difficiles et avec un pouvoir d'achat qui
n'arrête pas de piquer du nez, la «fripe» constitue pour les chefs de familles
à faible revenu une véritable planche de salut pour habiller leurs enfants
adolescents surtout, dont plusieurs selon eux souhaitent d'être «bien sapés» ou
tout au moins être égaux à leurs camarades. En effet, beaucoup de ménages
appréhendent particulièrement cette période de fortes dépenses, déjà marquée
par le Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire qui interviennent presque à la
même date cette année. Ils savent pertinemment que c'est là autant de
rendez-vous, où ils seront quasiment saignés à blanc et y laisseront leurs
économies pour ceux qui en possèdent. Les autres n'auront qu'à emprunter. Du
coup, les marchés de vieux vêtements sont devenus des concurrents sérieux de
ceux des articles du neuf.
Devant le succès que rencontrent les marchés de la «fripe», de Daksi, Aïn S'mara, Oued El-Had et El-Khroub, des boutiques ouvrent de plus en plus au centre-ville même. Selon des chefs de familles, ces endroits où se vendent des articles déjà utilisés, offrent des produits variés assez présentables et peu chers. Ainsi, un père de famille déclare «j'ai déniché des blousons pour l'hiver, que j'ai achetés pour mes deux enfants adolescents qui sont difficiles à contenter et ce, pour seulement 1.000 dinars l'unité». Et de poursuivre «que dans les magasins qui vendent des produits neufs d'importation, des blousons similaires dépassent les 3.000 dinars pièce. Idem pour ceux de fabrication locale qui coûtent pas moins de 2.000 à 2.500 dinars». Une autre femme qui déclare être mère de cinq enfants, dont trois adolescents, pas faciles à satisfaire, dit «j'ai dû faire plusieurs boutiques de «fripe» pour trouver les pantalons «jean», délavés et griffés de la marque désirée, comme ils les veulent», avoue-t-elle. Et d'ajouter «je suis contente, malgré tout, puisque j'ai pu me les dégoter à des prix compris entre 500 et 900 dinars le pantalon, sachant que dans les vitrines ils sont proposés à pas moins de 3.000 dinars». Un parent d'élève, à la recherche de vêtements et de chaussures pour ses quatre enfants scolarisés, indique que «le marché de la friperie est pour moi une réelle bouée de sauvetage, sans laquelle d'ailleurs je ne sais vraiment pas ce que deviendrait ma famille. N'étant qu'un modeste fonctionnaire et donc un simple salarié, avec ces quatre enfants allant à l'école et deux autres en bas âge, avec un pouvoir d'achat en chute libre, pour boucler les fins de mois j'ai souvent recours à l'emprunt auprès des connaissances et amis, qui ne manquent pas heureusement». Et de souligner «je n'ai pas honte à le dire, je suis toujours à la recherche d'articles à petit prix, et c'est ainsi que j'ai pu pourvoir aux besoins de la famille dans la dignité, en matière d'habillement et en articles scolaires». En tout état de cause, le succès de la «fripe» est tel que dernièrement à Constantine ville, il est un phénomène nouveau qui a fait son apparition à savoir celui de devantures intitulées «friperie de luxe»... |
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