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Comme toutes les grandes agglomérations, Constantine peut s'enorgueillir
d'être sillonnée par de nombreuses artères aux magasins huppés, mais également
par d'autres qui le sont moins, nichés dans de vieilles bâtisses menaçant
ruine, qui loin de l'avilir lui donnent un cachet particulier. Il en est ainsi
de la fameuse rue Slimane Mellah, qui traverse de bout en bout le vieux et
célèbre quartier de «Souika». Rue très étroite mais d'un dynamisme commercial
sans pareil, occupée sur toute sa longueur par de petites échoppes.
Entièrement recouverte de pavés sur une longueur de plus de 700 mètres, elle permet la traversée de la «Souika», cité pittoresque, s'il en est, située en plein vieille ville et lieu de convergence de beaucoup de Constantinois. A certains moments de la journée, l'affluence est telle, particulièrement lors de ce mois de carême, que du fait de son exiguïté et des différents étals de produits disparates exposés sur des tables ou à même le sol, il faut souvent jouer des coudes pour avancer et se mouvoir dans cette véritable foire d'empoigne. «Pour moi, faire le trajet depuis Bab El-Djabia jusqu'à déboucher à la rue Larbi Ben M'hidi est devenu une espèce de pèlerinage que j'effectue une fois par week-end», nous confie un ancien résident, maintenant relogé à la nouvelle ville de Ali Mendjeli, suite à l'effondrement de sa maison. Mais on ne vient pas seulement à la «Souika» par nostalgie, à l'image de ces anciens habitants transférés vers d'autres cités et quartiers, «on y fait le déplacement également par affection, par curiosité, par amour de l'étrange et de l'insolite, etc.», comme le commente un passant. Quoi qu'il en soit, ils sont de toutes les couches sociales à s'y rendre chaque jour, qui pour flâner et dénicher «le produit rare», parce que dans cette rue de Slimane Mellah «tout se vend et tout s'achète», comme aiment à le répéter les amoureux de Souika. En tout cas, constituée de vieilles bâtisses, la fameuse rue est marquée en son début par des travaux de réhabilitation et se termine par des chantiers de réfection similaires. Entre ces deux extrémités, il s'agit d'une véritable foire d'empoigne, où les articles les plus divers sont exposés dans une proximité sans nom et dans une cacophonie indescriptible. Ainsi, les confiseries orientales côtoient des quantités importantes de sacs de jute pleins de fruits secs allant des pruneaux à 900 DA le kilo, aux amendes à 600 DA, aux noix à 900 DA en passant par les cacahuètes et abricots séchés, etc. Indépendamment de la traditionnelle échoppe de l'épicier, une grande variété de produits est exposée aux acheteurs. «Quelle que soit la marchandise désirée, elle existe à Souika», dit-on d'ailleurs à Constantine et ses environs. Depuis l'ampoule «économique» qui coûte 120 dinars contre 300 ailleurs en ville, mais «d'une durée de vie de 24h au maximum», comme l'ont affirmé des habitués de l'endroit, aux articles et équipements électriques de contrefaçon en provenance de Chine et de Turquie pour la majorité, vendus à des prix défiant toute concurrence. Ensuite viennent les divers condiments et autres substances aromatiques de cuisine, des tisanes et plantes médicinales telles l'aubépine à 400 DA les 100 g, l'absinthe entre 900 et 1.000 DA. Il y a lieu de signaler encore le café moulu sur place qui dégage un parfum apprécié par les passants, les viandes et les abats, aux prix intouchables, à l'instar du foie affiché à 1.200 DA le kg. Un peu plus loin, ce sont les étals des clandestins qui font une concurrence féroce aux autres boucheries en proposant du mouton et du boeuf à 600 dinars le kilo. Viennent ensuite les tables de vendeurs de piles sèches, d'articles de parfumerie ou de cosmétique, des boutiques de dinandiers, d'ustensiles de cuisine en terre cuite, un moulin vieux d'un demi-siècle où beaucoup de ménagères viennent y moudre du blé pour l'incontournable frik de la chorba. Au milieu de toute cette cohue, circulent toutes les couches sociales et où la gent féminine n'a aucun complexe pour s'y rendre et faire ses emplettes. |
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