Le mois de Ramadan a fait son «entrée» en Belgique dans la discrétion.
Sans particularité aucune. Ramadan 2009 est arrivé discrètement à Bruxelles. Il
faut attendre le 2 septembre et la rentrée scolaire, moments forts des
retrouvailles de la diaspora après les vacances d'été. Pour l'heure, et après 5
jours de jeûne, rien ne laisse apparaître chez nos compatriotes et les
musulmans d'une manière générale une quelconque particularité dans leur vie
quotidienne. Seules les boulangeries situées dans les quartiers à forte
immigration maghrébine et turque affichent (étalent) quelques indices du mois
sacré : les plateaux de chamia (kalbelouz pour d'autres), zalabia, g'taief et
autres sucreries orientales ornent les vitrines. A l'approche de la rupture du
jeûne, les clients sont plus nombreux que d'habitude. Pour le reste, les
journées ressemblent à celles du reste de l'année. Les parents vaquent à leur
travail sans exception aucune. Pas d'heures spéciales pour les musulmans
jeûneurs. Le samedi dernier, premier jour de Ramadan, les parents l'ont réservé
aux supermarchés et librairies pour l'achat des trousseaux de rentrée scolaire.
Les invitations entre familles ne commenceront qu'après la rentrée scolaire
lorsque tous les immigrés auront été de retour. Cependant, çà et là quelques
exceptions. Les habitués du quartier européen (à proximité des institutions
européennes) se sont donnés rendez-vous dès le premier soir du Ramadan. Ce sont
des fonctionnaires, commerçants et cadres dans diverses sociétés européennes.
Après avoir échangé les nouvelles sur les vacances des uns et des autres,
l'inévitable sujet du Ramadan au bled n'a pu être évité du débat. Quoique
vivant loin du pays, les Algériens de Bruxelles ont cette particularité d'en
débattre régulièrement et inlassablement. Un sentiment paradoxal prédomine le
débat : une critique acerbe de la société algérienne en même temps qu'une
admiration pour les Algériens du bled. Ils dénoncent et critiquent le
comportement des responsables, des commerçants, des jeunes et même des
responsables religieux et, dans le même temps, sont admiratifs devant la
résistance et la patience de la société face à ses propres abus. Passé cette «
mise au point » traditionnelle, l'heure est aux échanges d'informations sur
deux points essentiels : les actions de solidarité et l'organisation de soirées
musicales, notamment pour le 27ème jour du mois sacré et le jour de l'Aïd. Sur
ce plan, les associations culturelles sont les plus actives. Les programmes
seront bientôt diffusés. Dans ce domaine, Brahim, membre du bureau de la
récente association ALGEBEL, mise en place de 5 juillet dernier, déclare :
«notre association a réuni à trois reprises les éléments disponibles durant les
vacances d'été. J'ignore encore le détail, mais je pense que ALGEBEL sera très
présente cette année ». Il faut préciser que cette association a une
particularité, elle représente l'ensemble des Algériens vivant en Belgique et
au Luxembourg. Elle est née à la faveur des meetings qui ont précédé l'élection
présidentielle d'avril dernier et regroupe en son bureau, entre autres, des
intellectuels de haut niveau. Question solidarité, elle cible plus spécialement
les « sans-papiers et clandestins ». Car, pour le reste, il est extrêmement
rare que des familles, même pauvres, manquent de l'essentiel, nourriture,
vêtements ou soins. L'Etat belge y veille. Ce sont plutôt les « clandestins »
qui ont besoin de présence et d'aide. Et des Algériens, il y en a. Quelques
centaines quand même. A Charleroi par exemple, l'association FCAB (Fédération
des Algériens de Belgique) offre chaque Ramadan des repas et des veillées dans
son local. Le député Mustapha Taïbi (FLN) est particulièrement actif à cette
occasion. En plus de ces moments de convivialité, c'est l'occasion pour
certains « clandestins » de se renseigner ou de trouver quelques astuces ou
moyens légaux d'activer leur régularisation. Ce sont en majorité des jeunes
harraga présents depuis deux, trois ou cinq ans en Belgique. Toute la question
est de trouver le moyen de perpétuer ces actions de solidarité après le mois de
Ramadan. Quant au pays, l'Algérie, il ne quitte jamais les pensées et les
coeurs de nos compatriotes. Avec ses bons et mauvais souvenirs. C'est ainsi.