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Arctic Sea: Controverse autour de la piste d'une cargaison illégale

par Amine L.

La mystérieuse brume entourant l'Arctic Sea ne veut pas refluer. Ce vraquier, qui devait officiellement transporter du bois vers Béjaïa, n'a pas fini de dévoiler ses mystères. La version du piratage recule devant la piste d'une livraison d'armes déjouée par un pays tiers. Les fuites se multiplient malgré l'étau du secret placé sur cette affaire par les autorités russes. Mardi, le directeur du comité d'enquête du procureur général de Russie, Alexandre Bastrykine, admettait dans une interview au journal Rossiïskaïa Gazeta, paru mercredi, que le cargo aurait pu transporter du fret illicite. L'équipe d'instruction doit également vérifier si les marins russes ne sont pas impliqués dans le détournement du navire, a-t-il ajouté. Ce comité, chargé de toutes les grosses affaires criminelles, est dirigé par Alexandre Bastrykine, un intime de Vladimir Poutine, qui contrôle strictement l'information autour de l'Arctic Sea.

 «Le navire a probablement été attaqué deux fois» et «sera inspecté de fond en comble lors de son arrivée» dans un port russe, a-t-il ajouté. »Nous n'excluons pas que l'Arctic Sea ne transportait pas que du bois», a reconnu le chef d'enquête, selon l'agence Interfax. Le ministère russe des Affaires étrangères indique toutefois que l'inspection préliminaire n'a pas mis au jour un chargement suspect». Un contrôle plus approfondi doit toutefois être mené dans les jours qui viennent.

 Les autorités russes ont reconnu ainsi, pour la première fois mercredi, que l'Arctic Sea qui avait disparu pendant deux semaines entre l'Atlantique et la Baltique aurait pu transporter autre chose que du bois. Selon les enquêteurs, des membres de l'équipage pourraient être impliqués dans le détournement du cargo. Moscou soupçonne désormais certains des quinze membres d'équipage, tous de nationalité russe, d'avoir... participé à leur propre détournement. Le débat sur la cargaison-officiellement du bois finlandais censé être livré à Béjaïa - est toujours d'actualité. Plusieurs médias russes ont fait état d'une cargaison illégale. «Le cargo Arctic Sea transportait des armes en contrebande et les pirates qui se sont emparés du cargo auraient été employés par les services secrets d'un des pays membre de l'UE», a écrit mardi le journal russe Moskovski Komsomolets. Selon le ministère russe des Affaires étrangères, cité par les agences de presse du pays, le capitaine de l'Arctic Sea aurait en effet tenté de dissimuler l'identité du bateau alors que la marine russe l'interceptait, le 17 août dernier, au large des côtes cap-verdiennes. «Le capitaine a soudainement déclaré que le bateau appartenait à la Corée du Nord», tentant ainsi d'usurper l'identité d'un autre vraquier, écrit le ministère dans un communiqué. Dans ce but, le marin aurait ensuite déclaré que son bateau, chargé de bois de palme, effectuait une liaison entre Cuba et la Sierra Leone. Moscou a alors interrogé Pyongyang, qui a démenti les informations données par le capitaine. «Les médias russes avaient avancé plusieurs hypothèses selon lesquelles le bateau aurait pu transporter des armes, voire du matériel nucléaire. Les rumeurs autour d'une éventuelle «mission secrète» ont été renforcées par le fait que les 11 membres d'équipage russes sont toujours aux mains des autorités russes et n'ont pas été autorisés à communiquer avec leurs familles depuis leur retour le 20 août à Moscou, le même jour que les huit pirates présumés. Le comité d'enquête du parquet russe a affirmé que «les informations publiées par des médias étrangers et russes sur une prétendue mission secrète de l'Arctic Sea (...) ne correspondaient pas à la réalité». Enfin un dernier élément : selon Konstantin Boronovski, avocat d'un des huit pirates présumés cité par l'agence russe RIA Novosti, le dossier judiciaire du détournement de l'Arctic Sea ne contient aucune mention d'armes.