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Dans un pays
normalement équilibré, lorsque le gouvernement prend des mesures qui vont à
l'encontre des intérêts d'une catégorie sociale, d'une région, d'un groupe
d'intérêt, on le fait savoir et on use de tous les moyens pour faire balancer ces
mesures, voire les faire échouer.
C'est le rôle des ONG ou plutôt des associations, des syndicats, des corporations, des représentants locaux, régionaux et nationaux structurés ou non dans des partis politiques. Et nous avons toute cette gamme comme une série de casseroles. Une mesure importante et impopulaire a été prise à la veille du mois de Ramadhan en pleine chaleur estivale, mais aussi politique. Elle touche les petites et moyennes bourses des salariés qui n'arrivent plus à épargner pour investir dans les biens de consommation et s'explique par une gestion catastrophique des balances qui indiquent si nous sommes en bonne ou en mauvaise santé financière. Qui en a payé le prix et qui en a profité ? Suivez l'index et attendez en retour le majeur bien raide. L'UGTA considère que les mesures relatives aux crédits à la consommation «sont dictées par la préoccupation fondamentale de préserver les équilibres économiques et financiers». Quel courage ! Quand on n'a même pas su gérer ses propres cotisations en les faisant avaler par Khalifa Banque surprenant l'Algérie en plein sommeil comme d'habitude, on devrait au moins pouvoir se faire oublier. Lorsque le porte-parole du RND, soutenant les décisions de son chef politique, affirme que les dispositions prises par la loi de finances complémentaire «visent à protéger l'économie nationale», on est bien en droit de savoir contre qui. Contre les spéculateurs et autres corrompus qui ont saigné le pays et continuent de le faire avec la complicité de l'administration et dans l'impunité ? Trop forts et bien protégés. Contre ceux qui ont fait basculer la balance commerciale par les milliers de containers envahissant nos ports en gadgets de toutes sortes et sur les fonds de l'Etat ? Trop riches pour passer à la casserole. Contre les étrangers ? L'histoire de la main étrangère n'est qu'une légende de mauvais goût pour débiles mentaux et qui a fait son chemin. Les étrangers n'ont plus besoin de mettre la main dans les affaires du pays puisqu'ils ne sauront pas détruire mieux que nous ne sachions le faire. Il suffit juste de nous laisser entre nous comme cela dure depuis assez longtemps. Et d'abord qui a fait appel aux investisseurs étrangers sous couvert d'un programme d'ouverture et de retour de l'Algérie, dans ce «concert des nations» où nous arrivons avec une derbouka dans un orchestre philharmonique. Ce qu'il faut noter, c'est que le stéréotype d'homme aux mesures impopulaires qui fait le sale boulot n'est plus de mise depuis la dernière révision constitutionnelle. Ouyahia agit sous l'autorité du Président et toute nouvelle impopularité ne peut qu'être partagée. «Tu perds, je perds». Par contre l'Assemblée nationale peut, en vertu des dispositions constitutionnelles et notamment l'article 81, s'opposer au programme du Premier ministre qui doit en ce cas démissionner. Risible ? Bien sûr. Qui oserait après une augmentation des salaires et d'avantages conséquents accordés aux représentants nationaux «serviteurs du peuple», s'opposer à quoi que ce soit en provenance du Gouvernement ? La machine est tellement fermée et bien huilée là-haut que personne n'ose lever le petit orteil sans s'exposer à une «fiche de lecture» à vie. Entre-temps le petit fonctionnaire, qui construisait des rêves en promettant de se jeter à l'eau pour l'acquisition de biens domestiques, doit s'habituer à un cauchemar où la confusion des politiques ne lui laisse que sa langue pour exprimer son mécontentement. Pour le moment. Pour le moment, l'Algérie continue à subir les changements dans les changements sans espoir de voir un jour une ligne claire se dessiner à l'horizon. Quant à cette volonté épique de vouloir faire consommer algérien et encourager la production nationale, faut-il en rire ou en pleurer ? Pleurer de rire peut-être devant le mutisme de tout commentaire. Et ce n'est là qu'une illustration de l'absence d'une stratégie à long terme par manque de vision d'hommes, qui occupent le sérail politique sans pour autant avoir une vision politique. Le reste n'est qu'un tintamarre assourdissant alors que les vraies missions de l'Etat sont abandonnées au hasard des jours. Les vraies missions de l'Etat ou plutôt la plus importante n'est pas d'investir mais plutôt de créer de la richesse à partir du peu et des Hommes. L'investissement massif a certes transformé le visage du pays et fourni plus de logements, de routes, d'infrastructures sanitaires et éducatives mais sa durée dépend de la valorisation de la ressource humaine. Bouteflika avait prévu pour bientôt la fin de l'embellie pétrolière et des réformes qui donneraient naissance à un autre type d'Algérien. Les découvertes de pétrole se font de plus en plus nombreuses et l'Algérien n'a pas senti de changement dans son comportement. Sauf si l'on considère que l'Algérien nouveau c'est celui dont le seul espoir est de quitter son pays. Et comme dirait un de ces anciens sages aujourd'hui reclus dans sa réserve pour avoir trop longtemps attendu: «laisse-moi tranquille !». |
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