En application de l'arrêté de wilaya n°46 du 25 juillet 2OO9, la
commission de wilaya de lutte contre les phénomènes de la mendicité et des SDF
a été installée hier, mercredi, au siège de la direction des Affaires sociales.
Présidée par le DAS et composée de représentants de la santé, de la Protection
civile, de la Sûreté ainsi que de la société civile, cette commission a tenu aussitôt
sa première réunion consacrée à un débat sur le sujet et à la réflexion à mener
pour définir les moyens à mettre en oeuvre, afin de coordonner les actions des
différents partenaires dans la lutte contre ces phénomènes sociaux qui prennent
de l'ampleur et prolifèrent chaque saison dans la ville des ponts, notamment en
cette période du Ramadan, et y apporter des solutions communes. «Par le passé,
nous rencontrions d'énormes problèmes parce que chaque secteur tirait la
couverture à lui en disant que cela relève de la DAS. Ce qui était faux parce
que l'action comportait des aspects autant sociaux que sanitaires, sécuritaires
et même juridiques. Donc, ce qui est nouveau, aujourd'hui, dans la lutte pour
l'éradication des phénomènes de la mendicité et des SDF est que celle-ci
implique désormais plusieurs secteurs étatiques, dont la responsabilité est
pleinement engagée », estime M. Ali Maalem, chef de service d'observation et
d'éducation en milieu ouvert (SOEMO) à la direction de l'Action sociale de la
wilaya de Constantine. Passant aux explications, notre interlocuteur prendra
l'exemple de la prise en charge d'un malade mental, opération qui engage,
dit-il, la compétence aussi bien des services de santé publique que des
psychologues, des services de la Sûreté publique, de la Protection civile, de
la justice, etc., en se référant aux articles 196 et 197 du code pénal qui
répriment la mendicité sur la voie publique et le vagabondage. Dans la foulée,
M. Maalem révélera qu'au cours de l'année 2OO8, la DAS a été confrontée à
plusieurs cas de ce genre et les auteurs (des familles qui mendiaient avec
leurs enfants) ont été présentés à la justice, et ont fait l'objet d'amendes et
leur progéniture remise aux institutions d'accueil de l'enfance relevant de la
DAS, non sans avoir obtenu l'ordre de placement signé par le procureur de la
République. «Le nombre de mendiants opérant sur la voie publique augmente à
l'arrivée du mois de Ramadan. Cela est vrai, dit notre interlocuteur, pour
toutes les wilayas du pays, mais il en existe de faux et de vrais mendiants qui
émigrent constamment d'une wilaya à l'autre. C'est pour cela que leur nombre
est changeant et les statistiques arrêtées à un moment donné, ne signifient pas
grand chose. «Dans notre secteur, on parle des «démunis,» explique notre
interlocuteur, qui reçoivent l'aide de l'Etat et dans cette catégorie, nous
avons recensé approximativement deux milliers dans la wilaya». Il précise que
la majorité des mendiants viennent des wilayate limitrophes d'abord, ensuite de
quelques wilayate du sud. Ces derniers sont vraiment des professionnels,
organisés en familles, et descendent dans des hôtels de troisième catégorie de
la ville qui sont connus et répertoriés. Avec l'installation de la commission,
M. Maalem pense que le contrôle et les sorties inopinées de ses membres vont se
multiplier. Il révélera enfin que de janvier 2OO9 à ce jour, ses services ont
effectué plus de 72 sorties en recueillant 78 personnes.
Avant de terminer, le chef de service SOEMO livra quelques anecdotes sur
la mendicité au niveau local en indiquant notamment que le «métier» devient
très attractif. «Et pour cause ! dira-t-il, quand on sait que quelques-uns
arrivent à faire jusqu'à 8.OOO Dinars par jour, on comprend qu'il y a beaucoup
de gens, plutôt que de chercher du travail, sont tentés de faire la manche.
Aussi, dernièrement, nous avons ramassé un vieux mendiant grabataire qui avait
sur lui 13 millions de centimes dissimulés dans plusieurs poches». Et les
exemples de ce genre sont nombreux, assure-t-il.