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Le
débat polémique provoqué dans le pays par certaines mesures intégrées dans la
loi de finances complémentaire 2009 ne s'est pas éteint, adversaires et
partisans de celles-ci continuent à ferrailler par l'échange d'arguments
contradictoires. Même le chef de l'Etat s'est indirectement invité dans ce
débat, pas pour répondre explicitement aux détracteurs des mesures
gouvernementales controversées, mais en rappelant la philosophie qui les a
inspirées.
Il a profité pour ce faire de la tribune offerte par la célébration de la Journée du moudjahid. Dans son message adressé à cette occasion, Bouteflika a en effet affirmé qu'il «est du devoir de l'Etat de protéger ses institutions et d'intervenir par les canaux compétents pour préserver son économie et se prémunir contre tout soubresaut susceptible de conduire à la faillite». Et c'est bien ce devoir qui a été invoqué par les pouvoirs publics ayant concocté les mesures contestées. En faisant valoir que les unes visent à cadrer certaines pratiques dans la sphère économique et commerciale dont le contrôle tendait à échapper au suivi de l'Etat, et les autres à apporter une plus grande protection à la production nationale en réfrénant le flux des importations qui gonfle exagérément l'enveloppe financière que le pays lui consacre. Bouteflika ne pouvait faire moins, face à la levée de boucliers provoquée par les mesures gouvernementales dans le milieu du patronat privé, que faire comprendre qu'elles sont en adéquation avec le virage imprimé à la politique économique nationale dont il est l'inspirateur et avait annoncé son amorce dans son discours de juillet 2008 devant les présidents des Assemblées populaires communales du pays (APC). Ce rappel et le soutien implicite qu'il manifeste à l'action gouvernementale inspirée par ses orientations sonne le glas du souhait exprimé par des organisations patronales d'une intervention du chef de l'Etat afin de «rectifier» les dispositions des mesures imposées par la loi de finances complémentaire, sinon les abroger carrément. Pour avoir spectaculairement cautionné le programme économique de Bouteflika pendant la campagne électorale de l'élection présidentielle, les organisations patronales qui sont montées au créneau pour dénoncer la nocivité des nouvelles mesures gouvernementales sont mises en porte-à-faux avec leur engagement électoral. D'autant que Bouteflika n'avait pas fait mystère de sa détermination, avant même la campagne électorale, à revoir en profondeur les pratiques qui fondaient dans un contexte de néolibéralisme laxiste la politique économique nationale, et surtout qu'elles l'ont approuvé quand il a soutenu le principe de la légitimité qu'a l'Etat algérien de recourir au «patriotisme économique» en tant que moyen de défense de l'économie nationale en ces temps de crise mondiale et de désintérêt des investisseurs privés étrangers et nationaux pour ce qui concerne les projets générateurs de productivité et d'emplois. Si ces organisations patronales ont cru qu'avec le tollé qu'elles ont organisé contre la loi de finances complémentaire, elles allaient forcer Bouteflika à faire faire marche arrière à l'exécutif gouvernemental, elles ont manifestement surestimé la force de leur pouvoir de pression et mal apprécié la résolution du chef de l'Etat à imposer la primauté des pouvoirs publics dans la définition et le fonctionnement du «modèle économique algérien». |
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