|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Ceux qui ont collaboré avec Cheloufi Sid
Ahmed se souviendront toujours de cette phrase qu'il lançait à tout bout de
champ : «On a la vieillesse de ses artères mais la jeunesse de son coeur et mon
coeur reste jeune». C'est ainsi qu'il est parti, jeune de coeur et d'esprit et
le festival du haouzi, qu'il avait pris l'habitude de couvrir jusqu'à la
moindre fausse note, s'en souviendra cette année. Cette année justement,
puisque c'était lui la fausse note. Mais sa place ne restera pas vide car
l'Ecolymet reconnaissante de son humilité, de son engagement et de sa culture,
en gardera toujours une pour lui. C'est en ces termes que l'on débutera la
soirée de recueillement qui lui fut consacrée, jeudi, au siège de l'Ecolymet de
Mansourah, en présence d'une pléiade d'intellectuels, ses amis, ses frères
d'armes, ses collègues, ses confrères et ses étudiants.
Très jeune, il fréquentera les fidaïs de Tlemcen et colportera les informations entre différents groupes. Sid Ahmed n'avait pas pris les armes ni le maquis, car on avait beaucoup plus besoin de lui en ville, la plume. Très jeune, il jonglait avec 3 écoles différentes : l'école coranique millénaire du Cheikh Ahmed Ben Mostefa El-Alaoui où, avec le Cheikh El-Bachir Yacher, il apprit la maîtrise de la langue arabe, l'Ecole Jules Ferry et la Medersa. Il sera de toutes les manifestations après la mort du Docteur Benzerdjeb en 1958 et deviendra militant dévoué du FLN. Mais Sid Ahmed, homme irréprochable, est surtout connu pour le bon pédagogue qu'il était, pour toutes ces années passées dans l'enseignement à former des générations d'élèves, d'enseignants qui exploiteront tout son savoir-faire, de médecins irréprochables, impeccables, et pour le monde qu'il a bâti autour de lui, un monde à lui qui porte son nom et dont il est le maître et l'architecte. La plume du fidaï, il ne la lâchera jamais et sera tour à tour pigiste à El Moudjahed, correspondant à Alger Rep, à l'APS, à Ouest Tribune, la Voix de l'Oranie et au Quotidien d'Oran où il créera la rubrique «Bulletin du café du Musée». Au contraire, il écrira et incitera à l'écriture d'autres correspondants (l'auteur de ces lignes surtout) pendant la décennie noire où l'on avait compté plus de 100 journalistes morts pour la liberté d'expression. Il n'aura de cesse d'informer sur les injustices, le laxisme, la vie des quartiers, multipliant ses appels dans les émissions radiophoniques, les conférences où il participait en tant qu'invité mais aussi en tant que communicant. Il sera membre fondateur de l'Association de la sauvegarde du musée et du patrimoine de Tlemcen. Un patrimoine qu'il avait dans son coeur en tant qu'historien qu'il était. Il n'y a que la vérité pour lui et il n'a jamais raté une occasion pour cette vérité au péril de sa liberté parfois. Après sa retraite du monde de l'Education où il était chef de service de l'Orientation, il ouvrira sa librairie mais continuera à écrire pour le Quotidien d'Oran. «Maintenant, je vends ce que j'écris», dit-il avec son humour et son sourire qui ne le quittera jamais. D'ailleurs, un de ses articles paru dans le Quotidien d'Oran paraîtra prochainement dans une revue consacrée à l'environnement. La soirée de recueillement a permis à l'assistance d'écouter sa voix dans ses différents passages à radio Tlemcen, notamment un hommage à l'Imam El-Bachir Yacher et à l'écrivain Djebbari Hadj Benamar. Il était le doyen DES CORRESPONDANTS de presse et l'exemple à suivre pour sa générosité de coeur, son amour pour l'écriture et cette chaleur humaine qui se dégage de sa personnalité. |
|