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Koléa: «Souk El-Mexique» fait recette

par Larbi Houari

C'est ainsi que l'on observe à la veille de l'avènement de ce mois sacré de Ramadan, une activité particulière des principaux commerces de détail. Au niveau du marché couvert de la ville de Koléa, on remarque un achalandage très varié des étals, avec des prix qui donnent le ton de ce que sera la mercuriale du Ramadan. En dépit de cette hausse des prix, la plupart des Koléens ne s'en soucient guère, car ils disposent au niveau du marché parallèle, dénommé «souk El-Mexique», des variétés de marchandises très fournies, à des prix très abordables. Pourtant, dans sa récente conférence de presse, Mr Souilah, le secrétaire général de l'Union général des Commerçants (UGCAA), présentait un tableau réconfortant en prévision de la période du Ramadan. A ce titre, il affirmait que plus de un demi-million de tonnes de viande seront disponibles en Algérie, avec 300 000 tonnes de viande rouge et 250 000 tonnes de viande blanche. Cela permettra de contrôler la mercuriale des prix. S'agissant des stocks destinés à cette période, il précisa que notre pays dispose actuellement de plus de 65 millions de tonnes de céréales, 35 000 tonnes d'huiles, 80 000 tonnes de café et plus de 130 000 tonnes de pomme de terre. Dans sa déclaration, il affirma qu'il y a plus de un million de commerces illégaux et 500 marchés informels. Cet aspect du commerce illicite permet de retrouver des vendeurs à la sauvette, et des fellahs qui préfèrent revendre eux-mêmes et directement leur marchandise au détail au niveau du marché informel qui draine une concurrence qui déplait aux commerçants titulaires d'un registre de commerce, soumis au paiement des taxes légales, mais surtout aux contrôles épisodiques des inspecteurs de la concurrence et des prix. Pourtant, les services de la Protection civile et du commerce avaient mis l'accent sur l'émergence alarmante de ces marchés informels (Sidi Ghiles, Tipasa, Hadjout et Cherchell), et dont la prolifération au détriment des commerces légaux n'obéit à aucune règle d'hygiène, de sécurité et de commercialité. Pourtant, c'est là où on retrouve une intense activité informelle où sont commercialisés plus de 60% des produits destinés à l'alimentation, aux vêtements et à l'électroménager. Dans certains de ces marchés, à l'image de celui de Cherchell, les prix pratiqués sont fortement concurrentiels et font le bonheur des ménages qui n'attendent que cette journée hebdomadaire pour s'approvisionner. Conscient de cette réalité, et en cette période très sensible, les responsables locaux des principales villes du territoire de la wilaya tentent quelquefois vainement de combattre le caractère illicite de ces pratiques, où se côtoient des marchandises à l'origine douteuse, voire frauduleuse et dans la majeure partie des cas provenant d'entreprises qui utilisent ces canaux pour vendre leur production en hors taxe et échapper ainsi aux déclarations fiscales requises.

 Ces pratiques qui saignent en fait le Trésor public à travers des opérations douteuses et une fraude fiscale qui ne dit pas son nom restent monnaie courante et constituent un véritable fléau pour les commerçants de détail requis de s'approvisionner avec des factures auprès des canaux légaux. Ainsi, des différences de prix représentant la moitié du produit sont relevées au grand désarroi des commerçants légaux qui y voient une véritable concurrence déloyale leur imposant des ventes à perte. Au niveau du marché couvert de Koléa, les prix des fruits et légumes demeurent, quant à eux, élevés pour beaucoup de bourses. Pourquoi ?

 «On est soumis aux taxes légales, tandis que les marchands et fellahs qui revendent à la sauvette ne sont jamais inquiétés par ces prix », nous rétorque Mr Ali M., un marchand de légumes de Koléa. Rappelons que c'est ce phénomène, qui avait incité quelques commerçants à s'insurger contre ces pratiques illicites, et souvent à baisser les rideaux en signe de protestation contre ce phénomène de marché informel. Mais, les petites bourses rétorqueront que ce marché informel, appelé sauvage, reste une bénédiction pour les pauvres et les démunis, surtout en ce mois de Ramadan.