La rue Cheriet
Ali Cherif (ex-Cavaignac), dans le quartier de St Pierre, a changé de visage
cet été. Non pas parce que les façades d'immeubles datant de l'ère coloniale
ont été repeints. Encore moins parce que l'éclairage public, délaissé sous prétexte
qu'il doit attendre le fameux plan lumière, a été renforcé. Mais parce que la
chaussée est actuellement envahie par la boue. Une boue rougeâtre dont la
propagation est favorisée par la circulation automobile.
«C'est toujours
la même chose. On règle un problème pour en créer un autre». C'est en ces
termes pleins de fatalisme que les habitants de ladite rue résument ce qu'ils
vivent depuis le début de la semaine dernière. Pour régler un problème de
manque de pression dans le réseau AEP, maintes fois signalé par les riverains,
la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR) a dû en effet procéder
au remplacement de l'ancienne canalisation en fonte par une nouvelle en PVC. Un
matériau plus adapté car, moins favorable à l'accumulation du calcaire et
autres sédiments. Le résultat a été plus que probant, affirment les habitants
du quartier. L'eau coule désormais à flot dans les robinets. Fini donc le temps
où les locataires des étages supérieurs devaient attendre jusqu'à une heure
tardive le soir pour pouvoir faire leur réserve en eau. Une bénédiction à
quelque jour seulement du début du mois sacré. Seulement, si grâce à
l'intervention de la SEOR, l'eau est disponible à toute heure et en quantité
suffisante pour le plus grand bonheur des ménages, un nouveau problème n'a pas
manqué cependant de gâcher la joie des habitants et autres commerçants de
ladite rue. Une fois les travaux sur la canalisation souterraine finalisés, les
agents de la SEOR quitteront les lieux laissant derrière eux une tranchée d'une
centaine de mètres de long. «On s'est dit que la chaussée allait être remise à
son état initiale dans les jours qui allaient suivre, sachant qu'il s'agit
d'une exigence à maintes fois exprimée par le wali en personne. Pourtant, on
est sur le point de boucler la dizaine de jours depuis que les travaux ont été
effectués, et la chaussée n'est toujours pas remise à son état initial»,
affirme dépité un commerçant d'effets vestimentaires du quartier. Et d'ajouter
: «avant, nous avions besoin d'eau pour assurer un minimum de salubrité.
Maintenant, même si l'eau ne manque plus, on n'arrive pas à maintenir nos
magasins et nos marchandises propres. La boue nous envahit de partout. Ceci
sans compter la peine que trouvent nos clients pour accéder aux magasins, car ils
doivent enjamber des espaces boueux de près d'un mètre de large». Même la
circulation automobile a été altérée particulièrement au cours de la première
semaine qui a succédé aux travaux. Les voitures passaient très difficilement
dans certains endroits. Les éboueurs de la DHA en ont fait l'expérience lorsque
leur camion est tombé dans une crevasse située au tout début de la rue. Il aura
fallu l'intervention d'un remorqueur et plusieurs heures d'effort pour sortir
l'engin lourd du bourbier dans lequel il s'était engouffré.