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L'Algérie
traitée comme un «portefeuille et non pas comme un partenaire à part entière».
Ce n'est pas un vilain opposant, un ringard qui n'a rien compris à l'économie
de marché et à la «main invisible» qui mettra l'économie algérienne sur les
bons rails, qui nous le dit. C'est le ministre des Finances qui nous l'explique
dans sa défense des dispositions contenues dans la loi de finances
complémentaire. Mieux vaut tard que jamais.
Qui peut en effet s'opposer à une politique de substitution des importations, qui cracherait sur la préférence nationale, qui n'applaudirait pas à une orientation des investissements vers la production ? Fallait-il pour autant attendre une chute drastique du prix du pétrole pour se souvenir de la fragilité structurelle de l'économie ? Fallait-il une situation qui ravive le souvenir de la situation de cessation de paiements de 1994, menant le pays sous les fourches caudines du FMI, pour qu'une «réorientation» soit opérée ? Il ne faut pas faire dans l'amnésie. Il y a une stabilité gouvernementale depuis des années, ponctuée d'alternances réduites au couple Ouyahia-Belkhadem. Des nuances existeraient entre les deux hommes, mais cela ne change pas grand-chose à la politique économique suivie. C'est donc bien les mêmes hommes qui, pendant des années, ont joué, avec parfois le zèle des néophytes, aux libéraux qui découvrent que l'Etat doit en définitive réguler. Ceux qui, il y a des années, prêchaient dans le désert en dénonçant le fait que l'Algérie ouvrait son marché sans aucune contrepartie, doivent se dire que l'Etat algérien est bien lent à la détente. Même quand on s'est libéré du FMI, on a continué «souverainement» à faire du FMI. Dans un pays où l'espace du débat s'est fortement rétréci et où les journalistes, avec leurs vains mots, essayent de le créer, les réserves exprimées étaient inaudibles, quand elles n'étaient pas suspectées des pires intentions. Le gouvernement ne pouvait donc qu'avoir raison puisqu'il n'entendait personne. On aura donc eu, après les années d'ajustement structurel et de destructions massives d'emplois et d'entreprises, une longue période où la religion des IDE (Investissement direct étranger) s'est imposée tel un monothéisme intolérant. Il y avait une telle «foi» que l'on ne voyait pas, malgré les faits et les chiffres, que les IDE ne sont venus que dans le secteur où ils avaient déjà l'habitude de venir, c'est-à-dire les hydrocarbures. On a eu des ministres qui avaient pour mission de faire entrer l'Algérie à tout prix au sein de l'OMC. Avec une telle mission, on ne négocie pas, on ne fait que céder. Certains investisseurs dans le secteur, censé être protégé, des médicaments auront appris, à leurs dépens, ce que signifie accéder à «tout prix» à l'OMC. Pourquoi les importateurs ne se multiplieraient pas quand les politiques gouvernementales ont abandonné l'idée d'inciter, voire de contraindre à l'investissement productif ? L'Etat algérien avait une telle «foi du charbonnier» pour le marché que l'on s'est même offert le luxe de concocter une loi ultralibérale des hydrocarbures, que même les Saoudiens auraient trouvé «too much». Le gouvernement a l'air de se réveiller. Il essaye de s'expliquer. Tant mieux. Le mérite en revient sans doute à la crise et à ses conséquences sur la manne pétrolière. Et cela n'est guère rassurant... |
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