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Des cours d'hébreu à l'université islamique

par A. Mallem

L'université des sciences islamiques de Constantine (USIC) Emir Abdelkader, qui enseigne déjà depuis plusieurs années

les langues étrangères comme le français, l'anglais et particulièrement les langues pratiquées dans les pays islamiques, comme le farsi et le turc, dont l'apprentissage est assuré par des enseignants algériens, compte introduire prochainement l'enseignement de l'hébreu.

«Aujourd'hui on parle beaucoup de dialogue entre les civilisations, entre les cultures, et cette nouvelle option entre dans notre programme d'apprentissage de toutes les langues qui ont un rapport direct avec les religions monothéistes d'une façon générale et la civilisation islamique tout particulièrement», indique le Dr Abdallah Boukhelkhal, recteur de l'USIC, qui ajoute que son institution, «largement ouverte sur le monde moderne, commence à prendre désormais une place scientifique prépondérante dans l'aire géographique islamique, de Tanger à l'Indonésie et aux Philippines, ainsi que dans le monde en général». Aussi et dans le cadre du développement de l'étude des langues, l'USIC prospecte actuellement du côté de l'Egypte et de la Palestine pour recruter un ou deux enseignants qui pourraient prendre en charge l'apprentissage de l'hébreu qui sera dispensé au sein de l'université, à l'institut des langues, non seulement aux étudiants de l'université, indique-t-on, mais aussi aux chercheurs et aux simples citoyens qui en feront la demande.

 «Nul n'ignore, précise le Dr Boukhelkhal, que la civilisation islamique a légué un patrimoine scientifique et culturel important écrit dans les diverses langues parlées aujourd'hui à travers le monde, en particulier dans des langues comme le farsi (perse, iranien) et le turc. Par exemple, l'apprentissage de la langue turque permettra aux étudiants locaux de pouvoir déchiffrer une grande partie de l'histoire de l'Algérie, relative à la période ottomane, qui est écrite dans cette langue. L'enseignement de l'hébreu à l'USIC est également une chose tout à fait normale, en ce sens que cet enseignement va bénéficier aux étudiants du département des religions comparées pour leur permettre de lire la Bible et la Thora. Il révélera aussi que ce département, qui regroupe des centaines d'étudiants algériens, mais aussi d'étrangers qui viennent de pays lointains, comme la Corée et l'Indonésie, pour s'inscrire dans la discipline de l'étude comparée des religions, reçoit chaque année de 30 à 40 nouveaux étudiants dans l'apprentissage des langues étrangères, notamment pour l'étude de l'histoire et de la civilisation islamiques.

 Enfin, le recteur de l'USIC évoque l'introduction à long terme d'autres langues comme l'urdu, langue parlée au Pakistan et en Afghanistan, qui recèle un énorme legs de la civilisation de l'Islam, ainsi que le russe qui est la langue parlée par plusieurs pays musulmans de l'Asie centrale qui étaient sous la sphère d'influence de l'ex-Union soviétique. «Le célèbre écrivain et poète russe Pouchkine, par exemple, qui avait des origines musulmanes prouvées, a écrit beaucoup de poèmes sur l'Islam et la civilisation islamique qu'il importe de déchiffrer grâce à l'apprentissage de sa langue», indiquera le Dr Boukhelkhal qui précise que l'étude de toutes ces langues n'est pas destinée à la préparation de licences pour les étudiants, mais uniquement pour l'apprentissage. Il terminera en indiquant que cet apprentissage, gratuit pour les étudiants de l'USIC, sera payant pour les citoyens désireux de s'inscrire, lesquels doivent s'acquitter de la somme de 2.500 dinars par an.