Ce qui était spéculations des uns, attentes
et espérances des autres, s'est précisé après moins d'une semaine du lancement
de la campagne viti-vinicole à Aïn Témouchent. Ainsi, l'ONCV revient de si loin
et occupe les devants de la scène agricole, après avoir ouvert son unité de vinification
et de mise en bouteille du Keroulis dans la commune de Chentouf. A rappeler que
ladite unité a été saccagée complètement au début des années 90, à l'issue d'un
acte de sabotage perpétré par des terroristes. L'attente relative à la fixation
des prix du quintal de raisin était la préoccupation majeure des viticulteurs,
et de la coopérative viticoop, par ricochet. L'ONCV annonce la couleur : 3.000
DA le quintal de raisin de cuve, cette année, contre 2.600 DA la saison
précédente. Les autres transformateurs, à savoir GCO, VDO, SOVAL et autres ont
déjà une estimation. Pour certains, ils avaient misé sur la reconduite des prix
de l'année écoulée. Mais, eu égard à la concurrence, accrue entre les céréales
et les raisins de cuve et de peur que des viticulteurs indécis et pas sûrs
d'eux virent de l'autre côté, les responsables de certains transformateurs ont
coupé la poire en deux et se sont alignés au plafond des 3.000 DA/q, soit un
peu plus que le prix de l'orge et un peu moins que l'estimation faite par la
viticoop (3.300 DA). «Pourquoi se référer aux prix de l'orge ?», se
demande-t-on. Parce que l'orge est la spéculation la plus pratiquée dans la
wilaya d'Aïn Témouchent et représente en moyenne 70 % des emblavures pouvant
être transformées en fourrage facilement. La différence de 500 DA entre les
prix du quintal de raisin et de l'orge entre en jeu pour supporter les frais
induits par les travaux culturaux de la vigne par rapport à la monoculture
orge. Les blés tendre et dur sont biens cotés (3.500-4.500 DA/q). Ils
constituent les tendances concurrentielles face auxquels les transformateurs
seront obligés de s'impliquer davantage en partenariat avec les viticulteurs et
la viticoop, pour garantir des meilleures productions et des bons rendements.
Les mêmes réflexes sont attendus de la part de l'OAIC à travers ses filières
CCLS qui développent une politique de proximité avec les fellahs. Une démarche
tardivement opérée, certes, mais qui a permis à celles-ci de reconquérir
l'espace perdu durant ces dernières années. la CCLS s'intéresse à la
spéculation légumineuse, le pois chiche notamment, car Aïn Témouchent est une
région pilote dans la culture des légumineuses. Déjà, cette année, le prix
minimum a été fixé à 7.000 DA/q. Les avantages sont nombreux et vont faire
bénéficier les vrais fellahs ayant déjà une vision de spécialisation par
spéculation.