|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Sidna Ramadhane est à nos portes. C'est le mois que tout le
monde attend. Les associations caritatives vont encore une fois utiliser la
misère humaine pour justifier leur existence dans la société «si-vile». Tous
les prêcheurs, qui se sont tus face aux massacres, vont squatter la même
télévision qu'ils dénoncent, car «haram», pour nous donner la leçon et la bonne
parole. Parole... je passe... une paire de valets peut battre trois rois, à
condition de savoir bluffer. Au poker, ne peut gagner comme perdre... que celui
qui joue.
Tous les chanteurs oublieront le répertoire d'El-Ghazel, le temps d'un med'h nabaoui. Les présentatrices de la télévision atténueront leurs maquillages, quelques-unes porteront un hidjab. Les mousselssalat dinia feront le cinéma à la télévision. Les sketchs accompagneront la chorba, et entre la salade et l'écran poussera un navet. Il se jouera les farces de Djeha à la Télé, mais elles coûteront des millions de dinars cette année. On aura droit aux recettes de cuisine, des farces, une autre manière de faire rêver les ménagères occupées à esquiver les coups durs du couffin. Les gens de la zlabia stockent déjà des sacs de sucre. Et pour mieux se sucrer, ils raflent toutes les huiles. Les commerçants concoctent les augmentations, les contrôleurs des prix choisiront «zitna fi bitna» comme mot d'ordre. Paraît même qu'ils travailleront de nuit. Dans l'obscurité. Les mutations commencent à s'opérer dans le corps des pickpockets. C'est un mouvement annuel, qui n'a besoin ni de décision officielle ni de décret présidentiel. Il s'opère naturellement. Nul n'est pickpocket en son pays. Les cabarets serviront du thé, le bénéfice c'est kif-kif. Les galas reprendront le soir, les glaylias travailleront aux cachets, les conférences-débats et des hauts fonctionnaires de la culture justifieront ainsi leur bilan et leur post... érité. Le nivellement par le bas continuera son bonhomme de chemin. Une vaste opération d'analphabétisation est engagée. Elle se poursuit depuis des années. Aux adultes on a appris à respecter les minutes de silence, et aux enfants... on n'arrivera jamais à annihiler leur besoin de bruit. Là, toutes les artères de la ville deviendront piétonnières. Ça marche! |
|