C'est à un Ramadhan particulièrement pénible pour les
bourses des modestes ménages que les prévisionnistes s'attendent. Le mois sacré
débutera cette année en août, dans sa dernière semaine, mais cela n'est pas
tant un problème que l'on jeûne en été. Le problème qui commence à hanter
sérieusement les Algériens, c'est la brusque flambée des produits de large
consommation, une inflation des prix qui mettra à genoux les petites bourses. A
moins de deux semaines du début du Ramadhan, les prix sur les marchés de
l'Algérie profonde comme dans les grandes villes ont explosé ces derniers
jours: le ghalmi (viande ovine) à plus
de 700 DA/kg, le poulet à plus de 340 DA/kg, la patate qui reprend de la
hauteur sans crier gare à 35 DA/kg et plus, et même la carotte qui commence à
narguer les mordus du couffin avec une moyenne de prix à plus de 50 DA/kg. Le
haricot rouge à plus de 140 DA/kg, le vert à plus de 100 DA/kg et voilà que
l'on retombe en plein cauchemar des plus noires périodes de la spéculation. Non
pas que les marchands de légumes sucent le sang des consommateurs, cela n'est pas
notre propos, car ils achètent eux aussi au gros où les prix ne sont pas
réglementés par une mercuriale que les grossistes et les mandataires se doivent
de respecter. C'est en fait là que l'on relève l'absence des services de
contrôle qui bien souvent verbalisent à tort et à travers de misérables petits
épiciers, ou des distributeurs occasionnels pris la main dans le sac, comme de
vulgaires bandits de grands chemins. Les services concernés du ministère du
Commerce doivent en fait s'intéresser de plus près à cette planète des
grossistes et des mandataires qui font la pluie et le beau temps dans nos
marchés, qui décident de la mercuriale aux lieu et place d'un mécanisme global
réfléchi et mis en place de concert avec les services concernés et les
différents intervenants des marchés de gros. Une vraie mercuriale comme cela
existait avant le démantèlement des mandataires et l'avènement dans la
précipitation de la Révolution agraire; avec les résultats que l'on sait. Mais,
dans cette tourmente de la valse des prix, il est un élément consternant:
l'absence totale d'intervention des pouvoirs publics, malgré moult promesses et
des discours sans lendemain, pour juguler cette inflation des prix qui a donné
un sérieux coup au niveau de vie des Algériens. Comment réagir, en l'absence de
l'Etat, devant un étal de marchand de légumes avec des prix irréels pour des
produits que l'on consomme rarement en temps normal, comme la courgette ou la
salade ? Le respect de la loi de
l'offre et la demande, tel que préconisé par le ministère du Commerce en
l'espèce pour justifier sa non-intervention pour calmer les ardeurs des
faiseurs de prix, c'est bien. Encore faut-il que l'on ait, ici chez nous, un
marché qui fonctionne selon les lois du capitalisme, c'est-à-dire une
production à profusion, des prix concurrentiels, des produits de différentes
qualités et des prix adaptés à la qualité des produits. Alors, que l'on cesse
de se payer la tête des Algériens d'en bas.