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Hôpital d'Oran: Hémorragie de médecins spécialistes

par Sofiane M.

Le départ massif des médecins algériens vers d'autres cieux plus cléments s'intensifie. La saignée des compétences algériennes dans de nombreuses spécialités considérées à l'étranger, à l'instar de la cardiologie, la neurologie, l'anesthésie et l'urologie, menace le fonctionnement de nos établissements hospitaliers.

Le Centre hospitalo-universitaire d'Oran (CHUO) fait cas d'école. Le service de cardiologie souffre ainsi d'un grave manque en spécialistes. «Sur 18 maîtres-assistants formés en cardiologie cette année, 6 ont été tentés par le travail chez le privé qui offre des rémunérations intéressantes, alors que les 12 autres ont carrément opté pour l'exil», confie, sous couvert de l'anonymat, un professeur. Ce service compte aujourd'hui un seul maître-assistant. Dans les autres services, la situation n'est pas meilleure.

 Les spécialistes, aux compétences avérées avec une dizaine d'années d'expérience dans un établissement hospitalier, sont très convoités par les cliniques privées. La course entre ces cliniques pour dénicher les bonnes compétences bat son plein. Rares sont les médecins qui résistent à la tentation, les cliniques privées offrent des salaires deux à trois fois supérieurs que ceux du service public. L'autre cause de cette hémorragie en spécialistes, et pas des moindres, est la simplification des procédures administratives dans les pays européens pour les détenteurs de diplômes en médecine. La France, qui souffre d'un manque terrible dans certaines spécialités, a été contrainte de revoir sa politique en matière d'immigration des cerveaux pour autoriser de plus en plus de médecins à s'y installer. Les médecins algériens représentent près de 70% des médecins étrangers exerçant aujourd'hui en France.

 La facilitation des procédures d'inscription pour l'examen d'équivalence en France a encouragé de nombreux médecins algériens à s'exiler. «Nos médecins sont très convoités en France en particulier pour leur maîtrise de la langue. Ils sont de plus en plus nombreux à tenter leur chance à l'étranger. Toutes les spécialités sont concernées par ce départ massif, à commencer par l'anesthésie, la pneumo, la chirurgie...», affirme le Dr Benatta du syndicat national des maîtres-assistants. Nombreux médecins algériens sont recrutés en France dans des spécialités généralement boudées par les Français à cause des contraintes de gardes. Contrairement à leurs collègues français, les médecins algériens sont peu exigeants et acceptent volontiers de travailler dans des régions reculées ou même dans les départements français d'Outre-mer. «Après le passage de l'examen d'équivalence, les médecins étrangers peuvent prétendre au poste de praticien hospitalier, un poste rémunéré et reconnu par la fonction publique en France», explique notre source.

 Une fuite des cerveaux qui pénalise lourdement les établissements hospitaliers, et la simplification des mesures administratives en France ne fait que la renforcer. Une menace qui commence à peser au regard du nombre important d'étudiants qui suivent leurs cursus en dehors de l'Algérie. Pour ne citer que la France, les statistiques fournies par le ministère français de l'Intérieur sont édifiantes: les effectifs des étudiants algériens qui y effectuent des études sont en progression constante. De plus en plus de visas de long séjour sont délivrés. La France n'est pas l'unique destination des Algériens: le Québec, l'Allemagne et les Etats-Unis d'Amérique sont tout aussi intéressés par l'exil de ces compétences.