Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Tébessa: C'est loin la mer !

par Ali Chabana

En été et par ces temps de canicule, la ville de Tébessa se mue en chaudron torride, cela s'explique en grande partie de par sa situation géographique, propice à l'exposer à des grands écarts de température, aussi bien en été qu'en hiver. Prise en tenaille entre, au nord, les monts du Dyr, et, du côté sud, les reliefs du mont du Doukane, prolongements naturels de la chaîne montagneuse des N'memchas.

 Ajoutons à ceci, une couverture végétale des plus dérisoire, mais également une configuration urbanistique au désordre alarmant. Ainsi donc, la cité se trouve confrontée à divers facteurs naturels et d'autres uniquement de la responsabilité des hommes qui font d'elle une agglomération bien enclavée dans ses soucis sempiternels. Les jours se suivent et se ressemblent. Dès que le thermomètre entame son ascension inexorable, les rues et les places publiques se vident continuellement de leur substance. Ainsi, ces jours-ci, les températures atteignent des pics inégalés. Conséquence, les gens n'ont d'autre alternative que de se terrer chez eux, en attendant la levée de l'alerte pour remettre le nez dehors. Une hibernation forcée, à la limite du supportable, tant les conditions d'habitation des logements collectifs et autres sont dans un état pitoyable. En sus d'un environnement où l'hygiène est à l'abandon.

 L'été, c'est aussi l'occasion d'aller goûter aux bienfaits réparateurs d'un séjour au bord de la mer. Même si cela n'est pas accessible à tout le monde, un séjour parfois très court, en raison des prix pratiqués, pour le seul hébergement, qui peuvent décourager plus d'un. Une petite escapade de quelques jours coûte les yeux de la tête, pour des familles happées par d'autres exigences de la vie. Et en dépit de toutes ces contraintes, le littoral de Annaba, d'El-Tarf, voire des côtes de Skikda et de Jijel voient débarquer des centaines de familles venant de la wilaya de Tébessa, à la recherche d'un soupçon de villégiature, au prix d'un effort financier assez conséquent, quitte à casser la tirelire afin de bénéficier d'un moment de répit exceptionnel. Des jeunes s'organisent dans une collecte, rien que pour virer, le temps d'un week-end, vers ces plages si lointaines. Alors on fait des pieds et des mains pour pouvoir économiser ce peu d'argent nécessaire. Même les petits vendeurs de journaux s'y mettent, en vous disant qu'ils comptent s'offrir un voyage, surtout depuis la réouverture de la ligne ferroviaire. Tébessa-Annaba, le train fait la bonne affaire pour beaucoup de cette frange juvénile. Car la ville de Tébessa est presque dépourvue d'un minimum en matière de lieux de repos adéquats.

 D'autres se font plus exigeants. Pour certains, le pays voisin, en l'occurrence la Tunisie, offre plus de possibilités quant aux conditions de séjours touristiques, en contrepartie cela nécessite des concessions financières supplémentaires pour se permettre d'aller se prélasser sur les sables des stations balnéaires tunisiennes.

 En début de soirée, les artères de la ville reprennent vie, les gens sortent peu à peu de leur isolement imposé, les terrasses des cafés ne désemplissent pas jusqu'à une heure tardive de la nuit, avec à la clé une demande frénétique de rafraîchissements. Et demain se sera la même histoire à répétitions, avec les mêmes ingrédients, le même décor et une réalité tébessie.