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Blida: Et nous sommes tous contents !

par Tahar Nansour

Chaque année à pareille époque, des personnes de tout âge se positionnent un peu partout, dans les marchés, aux alentours des cités et sur les bords des routes à grande circulation pour vendre... des figues de Barbarie. Il n'y aurait peut-être rien à dire si ces figues sont vendues telles quelles, comme dans les marchés ou dans les magasins, mais là, le marchand pèle le fruit, vous le présente à «déguster» sur place ou le met dans de petits sachets en plastique transparent et attend le client.

 Cette pratique est due au fait que la figue de Barbarie est connue pour ses fines épines qui piquent d'une manière fort désagréable et que nombre de femmes et d'hommes préfèrent s'en passer plutôt que de les peler et risquer une ou plusieurs piqûres. C'est donc cela qui a donné l'idée à ces marchands occasionnels de peler la figue avant de la vendre, mais là où le bât blesse, c'est quand nous voyons la manière avec laquelle le fruit est pelé ! En effet, le vendeur prend la figue, en coupe les extrémités avec un couteau sale, ôte la peau et prend le bulbe avec ses mains dégoulinant de saleté et le met dans le sachet en plastique. Le sachet contenant une dizaine de fruits est exposé au soleil, sans aucune précaution et subit toutes sortes de détériorations avant d'atterrir dans le ventre du consommateur. Il ne faut pas oublier qu'il est consommé tel quel, sans qu'il soit lavé.

 Certains demandent au vendeur de leur peler une ou plusieurs figues et les consomment sur place. Ils voient la saleté du couteau, celle des mains ou des gants du commerçant, de la charrette sur laquelle il entrepose sa marchandise mais achètent quand même ! Et le meilleur dans tout cela c'est qu'il n'y a personne qui vienne les empêcher d'empoisonner les citoyens ni même les obliger à vendre leur marchandise dans les endroits prévus à cet effet. Ni les services d'hygiène, ni ceux du contrôle de la qualité ne voient ce danger public et comme les statistiques chez nous sont classées parmi les grands interdits, nous ne pouvons même pas savoir combien il y a de victimes de ces marchands. C'est la même chose aussi pour le pain qui est présenté dans des caisses posées à même le sol, sans aucune précaution ni protection, manipulé par plusieurs mains dont la propreté est le dernier des soucis et touché, palpé, agressé par les mains d'un nombre indéfini de clients qui choisissent leur pain, faisant fi de toute convenance pour celui qui viendrait après eux. D'autres produits sensibles subissent le même sort, sont vendus n'importe où, n'importe comment devant l'apathie inexplicable des services concernés, mais aussi avec le silence complice des clients.

 Nous entendons parler de maladies jusque-là inconnues, nous en avons peur, les gens prennent toutes les précautions pour les éviter, les pouvoirs publics dépensent des sommes énormes en moyens de prévention mais chez nous, sur le pas de notre porte, nous consommons les microbes comme des... petits pains, nous ne voyons aucun danger dans la saleté repoussante des lieux où l'on vend des produits très délicats et faciles à contaminer, nous achetons notre pain entreposé à côté du poissonnier qui lui-même dresse son étal au-dessus d'un égout à ciel ouvert et nous sommes tout contents !