|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Le président Barack Obama s'était, contrairement à son
homologue français, abstenu d'envoyer un message de félicitations à Bouteflika
à l'occasion de sa réélection en avril dernier. Le fait n'est pas passé
inaperçu et a dû certainement déplaire à ce dernier, déçu que sa victoire
électorale n'ait pas impressionné outre mesure le locataire de la
Maison-Blanche. Pour toute réaction à celle-ci, l'administration Obama s'était
contentée de faire savoir qu'elle prenait acte des accusations de fraude
formulées à la fois par les candidats malheureux à cette élection et certains
partis d'opposition. Ce qui, en langage diplomatique, a voulu dire qu'elle n'a
pas été si convaincue que ça de la régularité et de la transparence de la
présidentielle algérienne. Depuis lors, le président américain n'a fait aucun
geste montrant qu'il est désireux d'établir d'intenses rapports directs avec
son homologue algérien.
La froideur que Barack Obama marque à Bouteflika ne lui est vraisemblablement pas dictée par de l'animosité personnalisée et encore moins par une volonté politique de faire prendre aux Etats-Unis leurs distances avec l'Etat algérien, désormais considéré par Washington comme un acteur pivot de sa stratégie géographique dans les zones méditerranéenne et africaine. La raison de l'attitude du président américain a été explicitée par celui-ci dans son discours du 11 juillet dernier à Accra, la capitale du Ghana. S'adressant aux Africains, mais en lançant par-dessus leurs têtes leurs dirigeants en place, il avait affirmé que l'Afrique «a besoin d'institutions solides et stables, d'une bonne gouvernance. Organiser des élections de temps à autre ne suffit pas, il faut des pouvoirs qui gouvernent par le consentement et non par la coercition». Et d'ajouter que «ceux qui font les coups d'Etat ou modifient les constitutions pour rester au pouvoir vont à l'encontre du progrès. L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts mais de fortes institutions». Et c'est à l'évidence cette conviction qu'il allait délivrer aux Africains à partir d'Accra, qui l'a dissuadé d'envoyer un message de félicitations au président Bouteflika, réélu précisément grâce à une révision de la constitution algérienne. Tout comme ses autres pairs africains qui ont une raison fondée de s'être sentis concernés par ces vérités «obamiennes», Bouteflika a dû les apprécier «modérément», pour ne pas dire plus. D'autant qu'elles ont été chaleureusement accueillies par les opinions africaines et algérienne en particulier. De là pourtant qu'il faille s'attendre à de notables perturbations dans les relations officielles algéro-américaines serait faire preuve de naïveté. Les intérêts des Etats quand ils existent, et c'est pour l'Algérie et les Etats-Unis le cas, transcendent les animosités que peuvent se vouer leurs dirigeants respectifs. Peut-être que Obama et Bouteflika, pour cause du discours d'Accra, n'auront pas les mêmes liens et la même proximité que celui-ci était parvenu à établir avec George W. Bush, mais ils continueront, à n'en point douter, à consolider le partenariat et la coopération stratégique dans lesquels leurs deux pays sont engagés depuis près d'une décennie. |
|