«Coût de trajets
exorbitants, aberration dans les programmations horaires des navettes», ce sont
là les principales causes d'une désertion des voyageurs de cet autorail
moderne, mis en grandes pompes sur rails récemment, et promettant (pourtant)
d'offrir tout le confort nécessaire aux usagers.
Reliant des régions de grande affluence
d'estivants, notamment pour les destinations de Skikda et Jijel (en sus de la
ligne Constantine-Tébessa), les autorails circulent affreusement vides, tout au
plus transportant les cheminots et leurs ayants droit, ainsi que d'autres corps
professionnels conventionnés avec la SNTF. Très rares sont, en effet, les
voyageurs qui optent pour ce moyen moderne de transport, l'autorail en
l'occurrence, pour rallier les villes desservies sur son chemin, hypothéquant
tout rendement prévisionnel pour amortir les lourdes dépenses engagées par
l'Etat en monnaie forte pour l'acquisition de ce matériel roulant. Les
assurances du ministre des Transports, qui a affirmé lors de l'inauguration de
la ligne Constantine-Tébessa que le prix des billets de voyage sur l'autorail
sera aligné sur celui pratiqué sur les trains classiques, s'avèrent sans
incidence aucune sur la réalité, car le coût appliqué est près de trois fois
supérieur au tarif conventionnel ! Les appréhensions manifestées par les
usagers du rail au moment du lancement de ces nouvelles machines sont bel et
bien fondées. Beaucoup préfèrent, désormais, emprunter le taxi que de
s'accommoder d'un voyage par autorail... hors de prix. Et il n'y a pas que le
prix du voyage qui fait fuir la clientèle, car les horaires des navettes sont
faits pour arranger beaucoup plus ceux qui arrivent à Constantine. Un
responsable de la direction régionale de la SNTF reconnaîtra que tout le monde
est sensible à cette situation, mais le levier de commande est entre les mains
de la direction générale, seule habilitée à réviser le tarif des billets de
voyage sur les autorails. «Pour notre part, on transmet quotidiennement les
statistiques des voyageurs sur ces navettes, lesquelles statistiques laissent
clairement voir le désastre de la désertion des voyageurs, qui tournent le dos
à ce moyen de transport, ce qui devrait dans l'intérêt de l'entreprise pousser
les responsables à réviser la tarification actuellement appliquée»,
indique-t-on.